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Stellantis: des critiques contre le salaire de Carlos Tavares

La rémunération totale de Carlos Tavares s'élèverait à 6,7 millions d'euros pour 2017.

La rémunération totale de Carlos Tavares s'élèverait à 6,7 millions d'euros pour 2017. - Sébastien Bozon / AFP

La rémunération du directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, pourrait atteindre jusqu'à 36,5 millions d'euros pour l'année 2023 si les actionnaires l'approuvent. Mais une agence de conseil les invite à voter contre.

L'agence américaine de conseil aux investisseurs Glass Lewis a recommandé dans une note aux actionnaires de Stellantis de voter "contre" la rémunération du directeur général du groupe automobile, Carlos Tavares.

Cette rémunération pourrait atteindre jusqu'à 36,5 millions d'euros pour l'année 2023. Les actionnaires doivent statuer à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires du groupe convoquée le 16 avril.

"Nous pensons que des augmentations significatives de la rémunération cible du PDG dans un contexte de licenciements massifs peuvent entraîner une disparité entre la rémunération des dirigeants et l'expérience des parties prenantes" [clients, fournisseurs, actionnaires, employés, banques, NDLR], peut-on lire dans la note de Glass Lewis dévoilée samedi par Le Monde et que l'AFP a pu consulter.

Selon l'article du Monde, deux autres cabinets de conseils, ISS (International Shareholder Services) et Proxinvest, ont abondé dans le même sens.

Une prime de performance de 10 millions d'euros

La rémunération de Carlos Tavares pourrait atteindre à terme 36,5 millions d'euros pour 2023 grâce à une prime de performance de 10 millions d'euros au titre de la "transformation" du groupe créé en 2021, selon le rapport financier de l'entreprise.

Une prime que l'agence estime insuffisamment justifiée: "Nous sommes généralement sceptiques à l'égard de tout type de prime supplémentaire récompensant des individus pour des actions que nous considérons comme intrinsèques aux fonctions d'un dirigeant."

De telles compensations "peuvent susciter des inquiétudes de la part des actionnaires", relève aussi l'agence, en pointant que Stellantis "a commencé à licencier des milliers d'employés supplémentaires à Detroit, Toledo et dans l'Ohio, aux États-Unis".

"En conséquence, nous ne pensons pas que le rapport de rémunération de la société mérite le soutien des actionnaires à ce stade", conclut l'agence en recommandant de voter "contre", comme elle l'avait fait pour la rémunération de l'année 2022.

Un montant "excessif"

Cette analyse rejoint celle de deux autres grandes agences de conseil citées samedi dans un article du Monde, Proxinvest et ISS. Cette dernière "évalue les émoluments du directeur général du groupe automobile à 42 millions d'euros pour 2023 (...) Un montant qu'elle juge 'excessif' par rapport à celui de ses pairs", écrit le quotidien.

Se classant parmi les patrons les mieux payés du CAC 40, Carlos Tavares s'était attiré en 2022 les foudres d'Emmanuel Macron, qui avait jugé "choquant et excessif" le montant "astronomique" de sa rétribution, validée par les actionnaires en 2023 lors d'un vote consultatif pour un montant pouvant atteindre 23,5 millions d'euros.

Quatrième groupe automobile mondial, Stellantis (marques Peugeot, Fiat ou Dodge) a engrangé un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d'euros l'an dernier, en hausse de 11% par rapport à 2022.

Marine Cardot avec AFP