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Stellantis: les actionnaires interrogés sur la rémunération de Tavares

Surfant sur les excellents résultats du groupe automobile, la rémunération du directeur général portugais pourrait atteindre 23,5 millions d'euros, si Carlos Tavares atteint tous les objectifs fixés par l'entreprise.

Les actionnaires de Stellantis sont appelés à s'exprimer aujourd'hui en assemblée générale sur la rémunération de Carlos Tavares et d'autres cadres du groupe automobile, qu'ils ont jugé trop élevées et pas assez claires en 2022. Surfant sur les excellents résultats du groupe automobile, la rémunération du directeur général portugais pourrait atteindre 23,5 millions d'euros, si Carlos Tavares atteint tous les objectifs fixés par l'entreprise.

L'an dernier, lors de la précédente assemblée générale, en avril 2022, plus de la moitié des actionnaires avaient voté contre la politique de rémunération du nouveau groupe franco-italo-américain, né en 2021 de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler. Stellantis les a consultés depuis: ils critiquent un manque de transparence et certaines primes non liées à des résultats.

Une rémunération "alignée avec celle de ses pairs" selon le groupe

Aujourd'hui, lors de l'AG 2023, les actionnaires doivent s'exprimer sur la rémunération des dirigeants pour 2022, même si leur vote reste purement consultatif. Le président de Stellantis, l'Italo-Américain John Elkann, dont le fonds familial Exor est le premier actionnaire de Stellantis, va percevoir pour sa part 5,8 millions d'euros pour 2022. Les actionnaires vont également s'exprimer sur les plus de 51 millions d'euros versés à l'Américain Richard Manley, ancien directeur général de Fiat-Chrysler, notamment pour sa contribution à la fusion. "Nous reconnaissons que la rémunération est une question importante, sensible et complexe", a déclaré dans une lettre aux actionnaires Wan Ling Martello, une ancienne dirigeante de Nestlé qui préside le comité de rémunération de Stellantis.

"Mais nous ressentons aussi le besoin stratégique de retenir et attirer des dirigeants de classe mondiale, dans un contexte de compétition globale", a-t-elle souligné.

Le groupe souligne que la rémunération de Carlos Tavares est "alignée avec celle de ses pairs", soit 24 multinationales européennes et américaines, de Boeing à Volvo. Les sociétés de conseil aux actionnaires restent partagées face à ces rémunérations: ISS propose de voter pour tandis que Glass Lewis les incite à voter contre, les jugeant excessives par rapport aux autres patrons européens, et demandant un nouvel effort de transparence.

Un dividende à 1,34 euro par action en attente de validation

Prenant en compte certaines critiques, Stellantis a décidé de proposer des conditions de rémunération légèrement amendées et clarifiées. Selon cette proposition soumise jeudi au vote des actionnaires, les primes en actions (qui s'ajoutent au salaire fixe) ne seront distribuées aux 1.600 principaux dirigeants du groupe, dont Carlos Tavares, que s'ils atteignent des objectifs de performance.

Les actionnaires doivent valider par ailleurs le dividende proposé par la direction, à 1,34 euro par action, ainsi que l'arrivée au conseil d'administration de Benoît Ribadeau-Dumas. Cet ancien de Thales, et proche de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, remplace Andrea Agnelli. Le cousin de John Elkann, qui représentait Exor, a démissionné en janvier sous la pression d'une enquête judiciaire, portant sur de possibles fraudes comptables à la Juventus de Turin qu'il présidait.

Une prime de "transformation" de 25 millions d'euros en 2025

Dans le détail, Carlos Tavares a déjà reçu pour l'an dernier 14,9 millions d'euros au titre des salaires, bonus et retraite, soit, selon la direction du groupe, 2,1 millions d'euros de moins que l'année précédente. Outre ces 14,9 millions d'euros, il pourrait ainsi toucher d'ici à 2026 des actions dont le montant sera fixé en fonction de la réalisation de ses objectifs, financiers, commerciaux ou technologiques. Sa rémunération totale pourrait atteindre de cette manière près de 23,5 millions d'euros pour l'année 2022. Il percevrait ainsi chaque jour de l'année le salaire moyen annuel d'un salarié du groupe, 64.328 euros selon Stellantis.

Outre des bonus liés à la hausse de l'action Stellantis ou à la baisse des émissions de CO2, Carlos Tavares pourrait notamment avoir droit à une prime de "transformation" de 25 millions d'euros en 2025, si le groupe atteint des objectifs liés à la révolution électrique du marché automobile.

TT avec AFP