La fusion avec Fiat, nouvel atout dans le jeu de Renault face à Nissan
La fusion envisagée entre Renault et Fiat-Chrysler (FCA) bouscule clairement les cartes dans l'Alliance entre le groupe français et les japonais Nissan et Mitsubishi. Une Alliance en pleine reconstruction depuis l'arrestation de Carlos Ghosn fin octobre 2018 et la mise en place d'une nouvelle équipe de dirigeants chez Renault.
Nissan n'aurait pas été au courant du projet
Si Renault souligne bien dans son communiqué que ce rapprochement serait "générateur de valeur additionnelle pour l'Alliance", Nissan n'aurait pas été informé des discussions en cours, a indiqué une source proche de l'entreprise à l'AFP. Au siège de l'entreprise à Yokohama, certains s'étonneraient en coulisses de ne pas avoir eu connaissance des détails du projet, alors que Renault et Nissan sont unis depuis vingt ans.
Pour certains au sein du groupe nippon, c'est là une nouvelle détérioration de la confiance, déjà sérieusement entamée depuis l'arrestation de Carlos Ghosn et l'attitude de Renault, qui a remis en avril sur la table le dossier d'intégration de l'alliance, ignorant ainsi les réticences de Nissan.
"Nissan semble avoir été tenu à l'écart, ce qui n'est pas agréable pour le groupe et pourrait créer une méfiance inutile", a commenté à l'AFP Satoru Takada, analyste du cabinet d'études TIW.
Les deux dirigeants de Renault, Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré, sont attendus mercredi au Japon pour un conseil opérationnel de l'Alliance, dont l'ambiance risque d'être pesante.
Renault-Fiat numéro 3 mondial... devant Nissan
Principale conséquence de la fusion, elle propulserait Renault-FCA comme le numéro 3 mondial de l'automobile, avec 8,7 millions d'unités produites. A titre de comparaison, Nissan a vendu 5,65 millions de véhicules l'an dernier et Mitsubishi 1,22 million, contre 3,9 millions pour le groupe Renault (marques Renault, Dacia, Lada, Samsung et Alpine).
jusqu'à présent, ce rapport de force en faveur de Nissan était souvent présenté comme son meilleur argument pour contrer le projet de fusion porté par Renault. "Pour Nissan, cette fusion avec FCA n'est pas un plus. Sa position dans l'alliance va se retrouver amoindrie et son indépendance compromise", estime l'analyste Satoru Takada.
L'Alliance, avec ou sans FCA, reste "irréversible"
Si le projet aboutit, le nouvel ensemble, en comptant Nissan et Mitsubishi Motors, totaliserait près de 16 millions de véhicules, bien devant le mastodonte allemand Volkswagen (10,6 millions) et Toyota (10,59 millions). En 2018, l'Alliance était d'ailleurs déjà numéro un mondiale de l'automobile avec 10,7 millions de voitures produites.
Dans les conditions actuelles, un désengagement de Nissan de l'alliance paraît toutefois improbable. Comme au moment des vives tensions suscitées par l'arrestation de Carlos Ghosn, "les projets communs sont trop nombreux", souligne une source proche de la compagnie nippone à l'AFP. "L'alliance sous sa forme actuelle ne peut être défaite, elle est déjà irréversible".