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Défense: cette startup du Pays Basque crée un drone de ravitaillement en zones hostiles

DAE, une startup du pays basque, développe un drone préprogrammé pour ravitailler les populations civiles ou les forces armées coincées dans des zones assiégées.

La logistique est le nerf de la guerre. Mais lorsque les routes sont bloquées, les ports fermés et l'espace aérien contrôlé, l'enjeu est de pouvoir fournir médicaments, vivres, matériels militaires, voire des personnels (militaires, médecins, techniciens...). Pour ces missions, les drones s'imposent comme on le voit en Ukraine depuis le début du conflit.

Thierry Demonfort, président et fondateur de Demonfort Airborne Engineering (DAE), développe un aéronef préprogrammé pour se rendre sur un site et revenir à un point de rendez-vous. Catapulté depuis un véhicule terrestre ou aérien, il rejoint son objectif à 600 km/h avec une autonomie de 400 km. Le drone Condor peut transporter jusqu'à 300 kilos.

"Ce type d'engin et son mode de propulsion est un système unique au monde. Habituellement, la catapulte est figée au sol ce qui implique d'être à une distance considérable de l'objectif. Avec ce drone sans hélice, on peut changer de zone comme on le veut en fonction des missions", explique à BFM Business Thierry Demonfort.

Ravitailler des populations assiégées

Au départ, l'idée consistait à venir en aide aux naufragés en leur envoyant des vivres, des canots de sauvetage et même des sauveteurs.

"Le projet a évolué pour permettre d'aérolarguer des vivres au profit de populations assiégées lorsque toutes les zones d'accès sont proscrites comme c'est le cas en Ukraine dans plusieurs villes. Et sur le plan militaire, ont peut aussi ravitailler très rapidement des équipes engagées dans la profondeur. Notre mot d'ordre est la fulgurance", détaille le patron de DAE.

C'est d'ailleurs une situation que Thierry Demonfort connait bien. Il a servi dans les forces spéciales, le fameux COS, au sein des commandos marine (commandos Hubert, Jaubert et de Montfort). Après 11 ans de service, il est devenu parachutiste d'essai. Il a 6300 sauts à son actif, dont le record mondial de chute libre en tandem à 11.000 mètres d’altitude. Entre 2002 à 2011, cet officier a été directeur des programmes aéroportés de la Marine.

Pour mener à bien son projet, DAE a déjà signé un partenariat avec un partenaire industriel spécialisé dans la construction de véhicule militaire pour l'armée française.

Financièrement, DAE, dont le siège est à Bayonne, est soutenu par la région Nouvelle Aquitaine et par la BPI. Le dirigeant discute avec le ministère des Armées sur un contrat d'acquisition d'un démonstrateur. Le système complet sera industrialisé en France et mis au point pour 2023.

"La France a un peu raté le virage des drones, c'est un secret de polichinelle. Ce projet permettrait, dans un cadre de souveraineté nationale, de devenir leader dans la catégorie des drones de livraisons par air. J'attire sur ce point l'attention du chef de l'Etat qui est aussi chef des Armées", lance Thierry Demonfort.
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco