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Face à l'explosion de leur facture d'énergie, certaines petites entreprises préfèrent fermer

À l'approche de la fin de l'année, un grand nombre de petites entreprises sont prises à la gorge par les hausses conjuguées des prix des matières premières et de l'énergie. À tel point que certaines prévoient de baisser temporairement le rideau.

C'est l'ultime option... à laquelle songent un nombre croissant de petites entreprises. L'hiver approche à grand pas et avec lui la période de forte consommation d'énergie. Dans le même temps, plusieurs structures doivent renouveler leur contrat auprès de leur fournisseur pour l'année 2023 mais à des prix exhorbitants, en raison de la flambée des prix de l'énergie sur le marché de gros. À cela s'ajoute une inflation durable qui gonfle aussi sensiblement les tarifs des matières premières, ce qui handicape un peu plus les TPE et PME.

Dans ce contexte économique, un certain nombre d'entre elles envisagent désormais de fermer le rideau pendant quelques jours voire même plusieurs mois. Cette année, Olivier Lagniez devra ainsi faire l'impasse sur les fêtes de fin d'année, un moment traditionnellement prolifique pour sa boulangerie, située à Strasbourg. "On fermera le 22 décembre au soir et on ne fera pas Noël pour nos clients," se désole l'Alsacien.

"C’est très frustrant parce que dans notre métier, c’est une période où on s’éclate et où on peut faire plein de choses. On fait aussi plaisir à nos clients et là, il ne se passera rien."

À l'origine de cette décision radicale, une augmentation démesurée des matières premières dont a besoin le boulanger pour confectionner ses produits: "Notre crème pâtissière a pris 30% parce que le lait a augmenté de 30%, les œufs idem, le sucre idem. Ensuite on va incorporer une crème fouettée. Je payais 2,30 euros il y a encore deux mois. Maintenant, elle est passée à 3,80 euros."

"Ce sont toutes ces choses auxquelles il faut réfléchir et à un moment, on ne peut plus supporter toutes ces augmentations", résume le boulanger.

Passage au mode saisonnier pour un restaurant

À Metzeral, au sud-ouest de Colmar, c'est l'explosion des prix de l'énergie qui pousse Frédéric Kempf à baisser le rideau de son restaurant pendant la moitié de l'année, de novembre à mai prochain. Sa facture d'électricité a triplé en passant de 20.000 à 60.000 euros tandis que le prix du gaz a été multiplié par 7.

"Pour cette génération, c’est la première fois qu’on est obligé de fermer à cause de la hausse de l’énergie et du manque de personnel", déplore le propriétaire et chef des Clarines d'Argent.

Depuis la pandémie de coronavirus, le secteur de l'hôtellerie-restauration souffre d'importantes difficultés de recrutement dues notamment à un déficit d'image de ses métiers.

"Vu qu’on ne peut pas remplir nos trois salles le week-end et qu’on manque de personnel, on ne peut pas récupérer le manque à gagner de la semaine avec la hausse de l’énergie", explique Frédéric Kempf. "On sera peut-être saisonnier, on ne travaillera peut-être qu’à partir de Pâques et jusqu’à la Toussaint comme il y a une vingtaine d’années."

Hugo Smague, Kevin Drouant et Emmanuel Daeschler avec Timothée Talbi