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Energie

Bruno Le Maire va faire signer une charte aux énergéticiens pour qu'ils proposent des tarifs raisonnables aux PME

Invité d'Europe 1, le ministre de l'Economie a indiqué que les fournisseurs d'énergie s'engageront lors d'une réunion mercredi prochain à proposer "un tarif raisonnable dans des conditions et délais raisonnables" aux petites et moyennes entreprises.

Limiter la casse pour les PME et TPE. En cette journée décisive avec la réunion des 27 ministres européens de l'Energie à Bruxelles, le ministre de l'Economie est revenu sur la stratégie du gouvernement pour enrayer la flambée des prix de l'énergie et notamment pour les petites et moyennes entreprises. Il a ainsi évoqué les objectifs de la réunion avec les énergéticiens prévue mercredi au côté d'Agnès Pannier-Runacher.

On leur demandera de signer une charte de conduite dans laquelle ils s’engageront à fournir aux PME de l’énergie à un tarif raisonnable dans des conditions et délais raisonnables", a-t-il indiqué, estimant que les "fournisseurs ne jouaient pas suffisamment le jeu".

Une anticipation qui a payé

Quelques minutes auparavant, Bruno Le Maire a débuté son interview en affirmant ne pas être inquiet vis-à-vis de la situation et en faisant part de sa détermination à "apporter les bonnes réponses sur la question stratégique du prix de l'énergie" qui est selon lui "l'urgence absolue".

Au lendemain de l'annonce outre-Rhin du déblocage de 200 milliards d'euros pour limiter les prix du gaz et de l'électricité, le ministre a rappelé que la France avait réagi plus tôt en mettant 100 milliards d'euros sur la table, ce qui contribue aujourd'hui à une inflation qui est la plus basse parmi les pays de la zone euro (à 5,6% sur un an septembre d'après l'Insee).

Doubler le plafond de l'aide aux entreprises

Bruno Le Maire s'est néanmoins réjoui de la coopération grandissante entre les deux pays sur le sujet de l'énergie, s'appuyant sur une tribune publiée vendredi dans Les Echos et cosignée par son homologue allemand.

"Il y a deux messages dans cette tribune, a expliqué le ministre. D'abord, l’Allemagne nous rejoint sur notre idée qu’il faut découpler le prix du gaz et de l’électricité et avoir des prix plus bas. A ce titre, il faut que la Commission européenne nous fasse des propositions concrètes de manière urgente dans les prochains jours. Le deuxième point est qu'il faut aussi qu’elle simplifie le dispositif d’aides aux entreprises qui est trop complexe."

Le ministère de l'Economie remet notamment en cause le critère de baisse ou de perte d'excédent brut d'exploitation sur une période de trois mois pour bénéficier d'une prise en charge d'une partie significative des coûts énergétiques.

Si une entreprise a un résultat négatif sur un seul mois, elle réduit ou arrête son activité voire même licencie, déplore-t-il. Il faut donc des aides qu'on puisse débloquer plus rapidement et plus massivement: je souhaite une revalorisation du plafond de 50 millions à 100 millions d'euros."

Enfin, Bruno Le Maire a évoqué la question de la taxation des bénéfices réalisés par les énergéticiens dans cette période particulière tout en se refusant à employer le terme de "superprofits".

"En temps normal, nous garantissons des prix aux énergéticiens pour qu'ils investissent dans les énergies renouvelables entre autres, a rappelé le ministre. Aujourd'hui, la situation se renverse et il est normal qu'on récupère cette rente sur les prix de l'électricité. Ce sera plus de 8 milliards d'euros en 2022 et 20 milliards d'euros en 2023, ce qui financerait la moitié du bouclier tarifaire des ménages."

Timothée Talbi