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Dépôt de bilan de WeWork: que vont devenir les bureaux français?

Le géant américain exploite 15 espaces de coworking en France, tous situés à Paris.

Le couperet est tombé. Terrassé par un modèle économique bancal et lourdement endetté, le géant américain du coworking WeWork a annoncé ce mardi avoir déposé le bilan et se placer sous la protection de la loi sur les faillites (Chapitre 11).

Pour le moment, les conséquences à court terme devraient être limitées puisque la loi américaine permet une poursuite des activités tandis que la procédure ne concerne pas ses filiales en dehors des Etats-Unis et du Canada.

Coworking : Wework proche de la faillite – 02/11
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24:15

Dans son communiqué, WeWork assure ainsi que ses "opérations mondiales vont se poursuivre, comme d'habitude". Traduction, les luxueux espaces partagés de travail de l'entreprise ne vont pas tous fermer du jour au lendemain.

Certains espaces vont rapidement fermer

Néanmoins, afin de pouvoir renégocier sa dette avec ses créanciers, l'entreprise devra présenter un plan de réorganisation de son activité. Elle prévient donc qu'elle va "mettre fin aux baux d'un certain nombre d'emplacements", les moins rentables. Pour rappel, WeWork loue ses dizaines d'espaces dans le monde à des propriétaires fonciers.

"Il est temps pour nous de nous tourner vers l'avenir en nous attaquant énergiquement à nos anciens baux et en améliorant considérablement notre bilan", a affirmé le directeur général du groupe, David Tolley, cité dans le communiqué.

A ce jour, selon son site officiel, WeWork exploite 660 espaces de travail dans le monde dans 119 villes. En France, 15 sites sont répertoriés, tous à Paris et en petite couronne avec un total de 150.000 mètres carrés mis à disposition. Que vont devenir ces espaces?

Si, avec l'essor du télétravail, Paris s'est très vite tourné vers le coworking (avec plus de 3.000 lieux recensés dans la capitale contre 360 en 2015), WeWork y est en perte de vitesse.

L'essor du coworking en France

Selon des chiffres cités par Frenchweb, l'entreprise a généré en France en 2022 un chiffre d’affaires de 10,6 millions d’euros contre 13,1 millions un an plus tôt, soit une chute de 19%. En quatre ans, elle aurait cumulé près de 125 millions d'euros de pertes sur le territoire français.

Pas de quoi être très optimiste. Si encore une fois, rien n'a été annoncé concernant la France spécifiquement, le parc parisien de WeWork pourrait intéresser ses concurrents locaux qui se sont lancés dans son sillage. Ils sont nombreux: Morning, Wojo, Spaces, Comet ou d'autres acteur internationaux comme IWG qui est le leader en France.

Car malgré les difficultés de WeWork, le marché du coworking se porte plutôt bien. Selon une étude de Welkin & Meraki, le marché mondial pourrait se hisser à 120 milliards de dollars en 2025, contre 30 milliards en 2018.

"Une faillite n’aurait pas d’impact sur le marché. Celui-ci est très sain. De façon irréfutable, le besoin de flexibilité est là pour durer", explique ainsi à Maddyness, Victor Carreau, co-fondateur et CEO de Comet.

Il y a donc de fortes chances que si les espaces parisiens de WeWork venaient à fermer, ils pourraient être assez rapidement repris dans un contexte de croissance de ce marché.

Selon Ubiq (ex-Bureaux à Partager) qui s'appuie sur une étude de menée par Cushman & Wakefield, le nombre des espaces de travail partagé a bondi de 20% en 2022 en France et le taux de remplissage atteint 91%. Dans le même temps, le parc a augmenté de 27% en mètres carrés.

"Avec un mouvement à la fois de concentration des acteurs du coworking et d’initiatives des géants de l’immobilier français comme Nexity (Hiptown, Morning), La Française (Wellcome), Icade (Imagine Office) ou la RATP (Urban Station), nous devrions assister à une poursuite de la conversation de bureaux traditionnels en bureaux flexibles", prévoit Mehdi Dziri, directeur général d’Ubiq.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business