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Le Scaf, l'avion de chasse européen du futur, entre en phase opérationnelle

La première tranche du contrat Scaf, d’une durée d’environ 36 mois, s’élève à plus de 3 milliards d'euros

La première tranche du contrat Scaf, d’une durée d’environ 36 mois, s’élève à plus de 3 milliards d'euros - DGA

Ce lundi 20 mars, le contrat pour le lancement de la phase 1B entre en vigueur. Les ingénieurs de Dassault, d'Airbus, Indra et Eumet ont 36 mois pour mettre au point le démonstrateur du NGF, l'avion de chasse au coeur du programme.

Le 20 mars 2023 pourrait devenir une date historique dans l'industrie aéronautique européenne. C'est ce jour que démarre la première étape, la phase 1B, du système de combat aérien du futur entre en phase opérationnelle.

Dans ses locaux de Saint-Cloud (92), Dassault Aviation, maître d'oeuvre et architecte de cette phase du programme, accueille les équipes d'Airbus, d'Indra et d'Eumet (joint venture entre Safran Aircraft Engines et MTU Aero Engines). Ensemble, ils doivent plancher sur le NGF (New generation fighter), l'avion de chasse au coeur du système de combat. Ils disposent désormais de 36 mois et d'un budget de 3,6 milliards d'euros pour préparer le démonstrateur du NGF qu'ils doivent présenter en 2029.

Pour cette phase de conception, un "plateau numérique" a été créé avec le logiciel Catia de Dassault Systèmes. Cet outil de conception numérique est le plus utilisé au monde dans l'aéronautique et la construction navale. Parmi ses utilisateurs: Boeing, Bombardier, Airbus et même l'US Navy pour le sous-marin de classe Virginia qui équipera bientôt l'Australie.

L’ère du combat collaboratif

Le NGF a vocation à remplacer à partir de 2040 les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols, les trois pays partenaires. Cet avion ne sera pas seulement plus performant, mais conçu pour de nouvelles formes de combat. Il disposera d'armes nouvelles comme des missiles hypersoniques ou des canons laser. Le chasseur sera connecté à des drones ainsi qu'aux capacités aériennes, navales, terrestres ou spatiales, via un cloud de combat 100% européen.

"Utilisant des technologies de pointe, le Scaf fera donc pleinement bénéficier nos forces armées de l’ère du combat collaboratif", expliquait Sébastien Lecornu, ministre des Armées, en décembre lors de l'annonce de l'accord signé entre les industriels.

Lors du prochain salon du Bourget (19 au 25 juin 2023), on ne verra certainement ni une maquette, ni même un croquis du NGF. Lors de la précédent édition, en 2019, une maquette à l'échelle 1 avait été exposée pour le symbole.

"Ce serait de la science-fiction. On entre dans une phase d'étude industrielle et le design dépendra de nombreux facteurs techniques qui ne seront pas finalisés à ce moment", explique un responsable chez Dassault Aviation.

Les enjeux de la Phase 2

L'avenir du Scaf est-il assuré? Tout semble le dire, mais rien n'est dit. Au terme de cette période de 36 mois, Il faudra 5 milliards de plus pour lancer la phase 2 qui doit aboutir 36 mois plus tard à un prototype volant, le fameux démonstrateur. Et pour cette tranche optionnelle.

Ce nouveau budget devra passer par un vote dans les trois pays partenaires qui mettront chacun leur condition à la poursuite du programme. La France et l'Allemagne ont déjà annoncé leur volonté de veiller de près à leurs intérêts industriels. Les négociations de la phase 1B assurent à Dassault de ne pas partager ses technologies et son savoir-faire.

Un enjeu important est de permettre à la France de pouvoir librement exporter le NGF pour fournir les clients du Rafale sans risquer un veto de l'Allemagne. Pour Dassault, l'export est une question centrale.

"Notre modèle industriel ne peut pas fonctionner sans exportation. Toutefois, ce sujet est du ressort de l'État. Nos partenaires de longue date ou plus récent, qui ont acheté le Rafale, comptent sur nous pour poursuivre leur relation stratégique avec la France", notait Eric Trappier dans un entretien au Figaro.

En attendant, le Rafale ne restera pas cloué au sol avec l'arrivée du NGF. Il restera "en ligne jusqu'en 2060". Les flottes de l'armées de l'Air et de l'aéronavale sont actuellement en cours de mise à jour vers la version F4.1. Les équipes de Dassault ont aussi démarré la réflexion sur le standard F5 qui sera lancé entre 2026 et 2027. Ce futur Rafale sera compatible Scaf et paré lui aussi pour le combat collaboratif.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco