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Défense

Comment fonctionne le programme Scorpion qui va faire du Leclerc un cyber char

Le char Leclerc

Le char Leclerc - Christof STACHE

La rénovation du Leclerc vise à en faire un char intégré au programme Scorpion. Ce mode de combat collaboratif connecte équipements et soldats en partageant dans un Cloud toutes les données qu'ils récupèrent. Explications.

Le char Leclerc entre dans une nouvelle ère, celle du combat collaboratif. Jeudi, le ministère des Armées a passé commande auprès de Nexter de 50 chars Leclerc rénovés (XLR) supplémentaires dans le cadre de la modernisation à mi-vie portant sur 200 engins. Ce marché a été notifié par la Direction générale de l'armement (DGA) le 29 décembre.

Un système qui fonctionnera demain avec le Scaf

Le terme rénové est un euphémisme puisque le char intégrera la bulle Scorpion (Synergie du COntact Renforcée par la Polyvalence et l’InfovalorisatiON). Mise en œuvre par la DGA, cette technologie a été créée pour le combat collaboratif. Comme les nouveaux blindés Jaguar, Serval et Griffon, le Leclerc XLR sera donc doté d'un système d'information de combat avec radio à haut débit.

Ces équipements sont connectés à une "bulle numérique" conçue par Atos dans laquelle fantassins, artilleurs, blindés, mais aussi hélicoptères, robots terrestres et drones communiquent ensemble à tout moment entre eux via un Cloud en partageant les données qu'ils obtiennent.

Même le Scaf (Système de combat aérien du futur) et la cyber frégate de défense et d'intervention (FDI) dotée d'un radar numérique seront intégrés dans ce réseau pour recuillir et envoyer des informations.

Le programme Scorpion
Le programme Scorpion © Minarm

Ce projet de créer un champ de bataille connecté pour faire face aux guerres du futur. Cette numérisation de l’espace de bataille (NEB) a germé chez les ingénieurs de l'armement dès 1999, à une époque où la téléphonie mobile et l'Internet étaient loin de ce qu'ils permettent aujourd'hui. A l'époque, les concepteurs imaginaient déjà un champ de bataille interarmées interconnecté. L'idée est de mieux protéger les unités pour agir plus efficacement en adaptant la riposte en fonction de l'attaque pour mieux maîtriser la force.

Cloud et intelligence artificielle

Le concept vise à créer un intranet mobile et modulable pour partager les informations obtenues sur le terrain par l'ensemble des forces en présence dont chaque élément est équipé de capteurs. Si un danger est détecté, l'information et les données seront partagées en temps réel par tous les autres pour le contourner ou y faire face. Les positions des forces amies sont indiquées en temps réel et les ordres transmis via ce terminal, dont sont équipés aussi bien le poste de commandement que le chef de peloton dans son véhicule.

Et pour éviter les brouillages et les coupures, une intelligence artificielle cherche les réseaux accessibles en permanence pour passer automatiquement d'un nœud à un autre. Et dans le pire des cas, une mode dégradé assurera les liaisons.

Lancé en 2014 avec un budget de 330 millions d'euros dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, ce programme concerne 1872 Griffon, 978 Serval, 300 Jaguar, 200 Leclerc et 18 dépanneurs de chars. Ces engins ont été développés par Nexter, Arquus et Thales. Depuis 2019, ces industriels ont livré à la DGA 452 Griffon et 38 Jaguar.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco