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Aéronautique

Le PDG de Corsair se dit "serein" face aux réserves de Bruxelles sur son plan de sauvetage

La Commission européenne émet des doutes sur ce plan mais sur BFM Business, son PDG souligne que la compagnie aérienne est dans une situation aujourd'hui bien meilleure.

En décembre dernier, Corsair, notamment spécialisée dans les liaisons vers les Outre-mers, indiquait avoir bouclé une nouvelle recapitalisation de 30 millions d'euros. Dans le même temps, la compagnie indiquait avoir sollicité l'État afin d'effacer ou au moins de restructurer 147 millions d'euros de dettes fiscales et sociales, avec comme argument ce nouveau tour de table.

Après l'ouverture d'une enquête approfondie au sujet de ce plan, la Commission européenne doute dans une notification "du rétablissement de la viabilité à long terme" de l'opérateur tout comme de sa rentabilité et estime que Corsair "aurait potentiellement obtenu des aides d’État additionnelles durant la période de restructuration", d'où une distorsion de la concurrence.

 Pascal De Izaguirre, PDG de Corsair - 22/04
Pascal De Izaguirre, PDG de Corsair - 22/04
8:28

Face à ces doutes, Pascal de Izaguirre, PDG de la compagnie se dit "serein" sur BFM Business ce lundi. Le dirigeant souligne que ce type d'"attendus (sont) classiques" pour le secteur et souligne que les réponses que le groupe va envoyer à Bruxelles seront convaincantes.

"Parfaitement aligné avec l'Etat"

"On a fait tous les efforts de restructuration et nous sommes parfaitement alignés avec l'Etat qui reconnaît notre trajectoire de redressement. Nous sommes dans une situation bien meilleure qu'après le covid et nous serons profitables cette année", poursuit le dirigeant. La compagnie spécialisée dans les vols ultramarins affiche en 2023 un chiffre d'affaires "record" de 643 millions d'euros, soit +22% en un an.

Les modifications demandées s'expliquent par les "événements totalement imprévisibles" comme la guerre en Ukraine, la hausse des prix du kérosène et les mouvements sociaux aux Antilles, a plaidé le PDG.

Reste que pour la concurrence et la Commission, l'effacement de la dette combinée à plusieurs plans de sauvetage financés part l'Etat (137 millions d'euros en 2020) pourraient constituer une concurrence déloyale. Une accusation rejetée par Pascal de Izaguirre.

"En 2020, nous avons bénéficié d'un prêt de l'État qui était l'équivalent d'un PGE dont tous nos concurrents ont bénéficié. Là, nous demandons un abandon de la dette du covid et nous considérons que compte tenu de tous les efforts de restructuration, le droit communautaire nous permet de solliciter ce type d'aide".

Et de poursuivre: "Les aides fiscales dont on parle, ce sont des aides qui sont réservées à l'ensemble des transporteurs qui desservent les lignes ultramarines, ce n'est donc pas une spécificité pour Corsair et certains de nos concurrents en ont très abondamment profité".

Désormais la compagnie doit attendre la publication au Journal officiel de la notification de la Commission pour envoyer sa réponse sous 30 jours. "Nous sommes confiants", répète le PDG.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business