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Plan de sauvetage de Corsair: Bruxelles émet de sérieux doutes

Le plan de recapitalisation de la compagnie aérienne française a fait l'objet d'une enquête approfondie de la Commission européenne.

Ce n'est pas gagné pour Corsair. En décembre dernier, la compagnie aérienne, notamment spécialisée dans les liaisons vers les Outre-mers, indiquait avoir bouclé une nouvelle recapitalisation.

Concrètement, ce sont 30 millions d'euros d'argent frais qui ont été collectés auprès d'investisseurs antillais (à hauteur de 15 millions d'euros) et d'un mystérieux investisseur africain. Selon Le Monde, la République du Congo aurait déboursé 15 millions d’euros pour détenir la moitié du capital.

Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair et président de la Fédération Nationale de l'Aviation et de ses Métiers (FNAM) - 04/09
Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair et président de la Fédération Nationale de l'Aviation et de ses Métiers (FNAM) - 04/09
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Dans le même temps, la compagnie indiquait avoir sollicité l'État, par le biais du Comité interministériel de restructuration industrielle, afin d'effacer ou au moins de restructurer 147 millions d'euros de dettes fiscales et sociales, avec comme argument ce nouveau tour de table.

Accumulation d'aides étatiques?

En février, la Commission européenne annonçait qu'elle ouvrait une enquête approfondie au sujet de ce plan. Ce vendredi, le verdict est tombé et, pour Bruxelles, ce plan est bancal.

"La Commission doute en particulier du rétablissement de la viabilité à long terme" de l'opérateur tout comme de sa rentabilité et estime que Corsair "aurait potentiellement obtenu des aides d’État additionnelles durant la période de restructuration", d'où une distorsion de la concurrence, relate Le Monde.

Au global, lors des différents plans de sauvetage depuis 2020, les "aides étatiques avoisinerait les 200 millions d’euros", estime Bruxelles. Elle signale par ailleurs "nombre de lacunes" dans le plan.

Bruxelles s'étonne du nouveau positionnement de la compagnie notamment vers des destinations en Afrique francophone. Lors de l'avant-dernière recapitalisation, l'idée avait pourtant été de se concentrer uniquement sur l'Outre-mer.

Un abandon du positionnement 100% outre-mer qui interroge

L'apport financier de l'Etat en 2020 (141 millions d'euros en prêt direct), et son acceptation par la Commission, se justifiait justement par le rôle stratégique de la compagnie auprès des acteurs économiques ultramarins. Mais finalement, ce choix a été remis en question. "Ce n’est plus d’actualité", confirmait alors Pascal de Izaguirre, le PDG.

Il faut dire que les autres compagnies françaises ultra-marines ont bu la tasse, placées en liquidation judiciaire en août dernier. Air Antilles a été reprise par la Cipim (holding du groupe Edéis) alliée à la collectivité de Saint-Martin tandis qu'Air Guyane a été liquidée.

De son côté, Corsair "prend acte" de cette communication mais se dit "confiant dans la validation de son plan de restructuration ajusté".

"Corsair a déjà fait une grande partie du chemin dans son redressement, et cela commence d’ailleurs à porter ses fruits puisque nous bénéficions d’une dynamique commerciale très solide sur les derniers mois, grâce à une confiance accrue de nos clients et de nos partenaires. Nous sommes donc sereins et déterminés à poursuivre dans cette voie", commente de son côté Pascal de Izaguirre.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business