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Vie de bureau

Malgré l'essor du télétravail, les Français restent des adeptes du présentiel

Avec une moyenne hebdomadaire de trois jours et demi au bureau, les Français devancent tous leurs voisins européens selon une étude du cabinet de conseil en immobilier JLL.

L'engouement autour du télétravail semble définitivement révolu plus de trois ans et demi après son explosion lors de la pandémie de coronavirus. Si on en croit la récente étude menée par le cabinet de conseil en immobilier JLL auprès de 208 grandes entreprises dans le monde, cette période singulière a quand même laissé des traces dans le paysage hexagonal puisque les salariés français travaillent en moyenne un jour et demi par semaine à distance.

En revanche, ils restent bien plus attachés au présentiel que leurs voisins européens. Avec donc 3,5 jours de travail au bureau chaque semaine, les Français sont loin devant la moyenne hebdomadaire des Suisses (3 jours) et distancent encore plus les Britanniques (2,6 jours) et Espagnols (2,5 jours). Cette résistance du présentiel tient à plusieurs facteurs.

Le coût du logement a un effet non-négligeable

Comme l'explique aux Echos la directrice de recherche sur les nouveaux modes de travail chez JLL, Flore Pradère, il y d'abord des enjeux d'image vis-à-vis de la hiérarchie mais aussi de rapport aux collègues:

"En France, on se montre davantage devant le chef, devant la direction. Mais nous avons aussi une culture plus forte de la socialisation. La pause déjeuner, par exemple, est chez nous un vrai moment de convivialité, alors que dans le monde anglo-saxon, elle est purement utilitaire."

Dans les grandes villes, le coût du logement entre aussi en ligne de compte. Afin de jouir d'un lieu d'habitation plus spacieux, les salariés vont avoir tendance à s'éloigner des centres-villes où se situent les bureaux et vont donc davantage opter pour le télétravail. C'est ce qui explique que le travail en distanciel soit plus répandu dans des métropoles comme Londres, New-York ou San Francisco où les prix de l'immobilier sont encore supérieurs à ceux de Paris.

"Les gens qui veulent rester en centre-ville mais ne peuvent pas travailler dans de bonnes conditions chez eux vont avoir tendance à aller davantage au bureau", souligne Frédéric Goupil de Bouillé, le président de l'Association des directeurs immobiliers (ADI).

Lisser la présence des salariés au bureau tout au long de la semaine

A la sortie du Covid-19, l'une des problématiques managériales majeures était la gestion du retour sur site. Quelques mois plus tard, celle-ci a cédé sa place à la répartition des jours en présentiel parmi les effectifs afin que les salariés ne viennent pas tous au bureau les mêmes jours de la semaine, les mardis et jeudis étant privilégiés tandis que les vendredis sont souvent la journée télétravaillée par excellence.

"Nous sommes dans la position d'un hôtelier, résume Frédéric Goupil pour le quotidien économique. Si vous avez 200 chambres, ce n'est pas pour qu'elles soient occupées deux jours par semaine. Nous ne devons pas nous retrouver avec des immeubles dimensionnés sur des pics de fréquentation."

Et pour cause, l'installation du télétravail dans les pratiques des entreprises a conduit à une révision, à la baisse, du budget alloué aux surfaces de bureau qui sont désormais moins occupées tout au long de la semaine. Problème: cette réduction des surfaces n'est pas optimale pour faire face à un afflux de salariés concentré sur deux ou trois jours dans la semaine et les accueillir dans de bonnes conditions.

"C'est au manager d'organiser la rotation des équipes et de dire qui vient quand. Et d'être dans une dynamique d'animation, insiste Flore Pradère. Cela demande beaucoup d'orchestration."
Timothée Talbi