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Emploi

Monoprix fait appel aux salariés de Zara pour renforcer ses équipes

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- - Kenzo Tribouillard -AFP

Les boutiques de mode étant fermées, 10.000 salariés du groupe Inditex sont au chômage partiel. Leur direction a relayé l’appel lancé par Monoprix, pour aller travailler dans ses magasins pris d’assaut. Un procédé légal, mais qui provoque la colère de la CGT.

Les commerçants connaissent une situation contrastée: alors que certains ont dû fermer leurs portes depuis le début du confinement, ceux du secteurs alimentaires sont pris d’assaut et manquent de bras. Monoprix, a ainsi lancé un appel aux salariés en chômage partiel pour leur proposer de venir travailler dans ses magasins. Il s’agit d’un prêt de main d’oeuvre entre entreprises, un dispositif qui permet de pallier les difficultés de recrutement dans certains secteurs en tension ou pour éviter le chômage partiel en cas de baisse d'activité dans d’autres.

Pour Sandra Hazelart, directrice des ressources humaines de Monoprix, il s’agit de garder ses magasins ouverts et ainsi "faire perdurer la mission d’utilité publique de Monoprix" qui est de nourrir la population française explique-t-elle au Monde. "Une dizaine d’enseignes – du secteur de l’habillement, de la restauration ou des biens culturels – ont répondu positivement à cet appel", précise la DRH. 

Une centaine de salariés volontaires

Parmi elles, le groupe Inditex qui exploite sous les enseignes Zara, Oysho, Bershka ou Massimo Dutti environ 320 magasins. La direction a fait passer le message auprès de 10.000 de ses salariés français au chômage partiel pour leur proposer de rejoindre les rangs de Monoprix le temps du confinement. En effet, le prêt de main-d’œuvre ne peut se faire qu’avec l'accord explicite du salarié concerné. Une centaine d'entre eux se sont portés volontaires.

Monoprix, pour faire face à un absentéisme de 10% dans ses rangs, cherche des employés ou des agents de maîtrise pour remplir les rayons et préparer les commandes effectuées en ligne. L’enseigne leur propose des contrats à durée déterminée (CDD), à temps partiel. Ces salariés toucheront 1540 euros minimum pour un temps plein.

Exposer les salariés

Pour la CGT, ce prêt de main d’oeuvre est dangereux car il expose les salariés qui au lieu de profiter de leur chômage partiel confinés chez eux, a la possibilité d'être contaminés au coronavirus en travaillant. Bien que Monoprix emploie ces salariés dans des magasins vides en "dehors des heures d’ouverture à la clientèle", sa démarche de recrutement " est une mise en danger", déplore Elodie Ferrier, secrétaire général de la CGT pour la branche commerce et services, auprès du quotidien.

"Il existe bien d’autres méthodes pour pallier l’absentéisme en magasin que de recourir à des salariés qui ont la chance d’être au chômage partiel", explique la secrétaire général qui prône plutôt la réduction des horaires d’ouverture des points de vente et leur fermeture le dimanche.

De son côté Inditex ne comprend pas la démarche de la CGT. Jean-Jacques Salaün, directeur général d’Inditex en France, est "en colère" : "L’heure n’est pas à la polémique ; elle est au civisme !".

L’entreprise a décidé de compenser intégralement la perte de salaires de ses employés mis en chômage partiel, ils ne sont donc pas poussés par le besoin, mais par le désir d’aider en cette période de crise. "Certains salariés vont distribuer des repas aux Restos du Cœur; d’autres aident les agriculteurs dans les champs à ramasser leur récolte" explique le dirigeant. Dès lors, "ce n’est pas le moment d’entrer dans un esprit de querelle" mais de faire preuve de solidarité pour permettre à chacun de pouvoir se nourrir.

Coralie Cathelinais