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Comment l'inflation force les entreprises à négocier à nouveau des augmentations de salaires

La plupart des négociations annuelles obligatoires (NAO) sont bouclées mais la hausse galopante des prix combinée à de bons résultats trimestriels doivent déboucher sur de nouvelles discussions, plaident les syndicats.

Les entreprises pensaient avoir fait le plus dur. La plupart d'entre elles a en effet bouclé les négociations annuelles obligatoires (NAO) qui débouchent en théorie sur des augmentations de salaires et sur le versement de l'intéressement/participation quand cela est possible.

Dans le même temps, de nombreuses branches ont signé des accords avec les syndicats afin d'augmenter les bas salaires, essentiellement dans les secteurs sous tension.

Mais tous ces efforts risquent d'être effacés ou du moins dilués par l'inflation galopante (plus de 5% en juin sur un an) souvent supérieure aux augmentations de salaires consenties par les directions.

Clauses de revoyure

De quoi pousser les syndicats à rouvrir des négociations pour obtenir plus. Dans certaines entreprises, on avait anticipé la question avec des clauses de revoyure, à l'image de Carrefour ou de Safran.

Comme le rappelle l'Usine Nouvelle, l'industriel avait signé un accord fin 2021 qui prévoyait un nouveau round de négociations en mai dernier si l'inflation avait sensiblement augmenté. Ce qui est le cas. Résultat, sans discuter, la direction a accordé 1% supplémentaire à l'enveloppe des augmentations (qui varient de 2,7 à 3% de la masse salariale) pour juillet.

Même chose chez Toyota France dont les NAO ont débouché fin 2021 sur une augmentation de 4,6% de l'enveloppe globale (2,6% pour les non-cadres, 2% pour les autres). Là encore, les syndicats ont fait pression pour de nouvelles négociations arguant de l'inflation mais aussi et surtout des bons résultats du constructeur automobile.

Après quelques débrayages, la direction a accordé une prime exceptionnelle de 500 euros net qui sera versée à tous et une augmentation de 2,25% sur les salaires d'entrée ratrappés par la hausse du Smic au 1er mai. Autant d'annonces qui n'ont pas convaincu la CGT qui appelle à de nouvelles actions.

Fidéliser et séduire

Du côté d'Airbus, les discussions récentes ont permis d'obtenir deux augmentations échelonnées: +3,9% au 1er juillet 2022 et +2,9% au 1er juillet 2023. Direction et syndicats se retrouveront au printemps prochain pour refaire un point.

Chez Thales, c'est seulement au bout d'un trimestre de mouvement social que la direction a accepté de reparler salaires. "Tout au long du conflit, l'inflation ne cessait d'augmenter et l'entreprise enregistrait d'excellents résultats", résume Anthony Vella, secrétaire du CSE central cité par La Provence.

Les NAO initiales prévoyaient 2,5% d'augmentation, la direction a finalement fait monter ce chiffre à 3,8%. Les syndicats réclamaient 4%.

Ces nouvelles revalorisations ont également un autre objectif: fidéliser les salariés en place tentés d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs dans un contexte de marché de l'emploi dynamique, et avoir des arguments pour attirer de nouveaux collaborateurs alors que les pénuries de compétences sont de plus en plus fortes dans de nombreux secteurs.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business