BFM Business
Economie

Elections européennes: les promesses de Jordan Bardella pour séduire les patrons

En campagne pour les européennes, Jordan Bardella tente de séduire les patrons. Après le METI mardi, la tête de liste RN était le premier candidat à se présenter au grand oral de la CPME ce mercredi matin.

"Je ne suis pas un séducteur". A l'issue d'une heure ce mercredi matin devant les patrons de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME), Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement National (RN) aux élections européennes du 9 juin assure le service après-vente de son grand oral.

"Je crois qu'il est nécessaire, sur le projet économique, de faire de la pédagogie, d'expliquer précisément ce que nous souhaitons faire", explique celui qui était déjà devant des dirigeants mardi, ceux du Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI).

Un programme en trois axes

Après une charge contre la Commission Européenne, porteuse selon lui de décroissance, la tête de liste RN a égrainé pendant un quart d'heure ses propositions pour l'Union, mais surtout pour la France. Un agenda économique qu'il résume en trois axes, "produire, protéger, permettre".

Sur ce premier pilier, Jordan Bardella veut "refaire de la France un paradis énergétique", pour relancer l'industrie.

L'ambition est partagée, nous glisse un responsable de la CPME. Il s'agira pour le RN de sortir des règles européennes sur les prix de l'électricité, et d'investir dans les réacteurs nucléaires d'avenir, pour faire baisser les coûts de l'énergie.

Pour aller plus loin sur sur volet, le candidat promet aussi de poursuivre la baisse des impôts de production, engagée par Emmanuel Macron depuis 2017. Et il souhaite en plus exonérer de charges patronales les augmentations de salaires jusqu'à 10%.

Face aux patrons, "il faut affûter sa réponse"

"L'entreprise ne peut pas distribuer ce qu'elle ne gagne pas", lui rétorque François Asselin, plus tard sur la scène. Le patron de la CPME craint d'alimenter une boucle prix-salaires: "si j'ai la possibilité de basculer cela (ndlr : l'augmentation de 10%) sur mon prix de vente et donc alimenter l'inflation: je le ferai".

Autre malentendu alors que Jordan Bardella propose un délai de carence de 3 ans pour tout franchissement de seuil par une entreprise. François Asselin s'excuse: "on a déjà depuis la loi Pacte 1, un délai de 5 ans en France, pour tous les critères sociaux et économiques".

"Le boulot est déjà fait", résume le syndicaliste après coup. "Il faut affûter sa réponse lorsque l'on s'adresse aux chefs d'entreprises des TPE/PME"

Quelques attentes satisfaites

Les autres axes du programme font émerger quelques points d'accord entre Jordan Bardella et les patrons présents. C'est le cas sur les clauses miroirs, jugées indispensables aux accords de libre-échange. Même tendance sur le volet simplification, où Jordan Bardella promet une pause réglementaire et l'abrogation des surtranspositions.

Mais si "ce programme, comme celui des autres candidats, rencontre forcément quelques attentes des PME, il n'a pas évolué", juge Bernard Cohen-Hadad, président la CPME Paris Île-de-France, qui se rémomérore l'oral de Marine Le Pen quelques années plus tôt.

"Regardez les sondages"

L'avis général des patrons après cette audition: pas assez de concret. Jordan Bardella en est lui sorti l'air satisfait et il "gagne en crédibilité", juge hors-micro un petit patron présent.

Si les chefs d'entreprise basculent? Impossible à dire pour le président de la CPME, mais "les chefs d'entreprises font partie des sondés". Et les sondages donnent pour le moment en tête le Rassemblement national pour le scrutin du dimanche 9 juin.

Léo Dumas