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"Si on doit aller plus loin pour les retraites, on le fera": les manifestants prêts à durcir le ton

Manifestation contre la réforme des retraites, le 11 février 2023 à Paris

Manifestation contre la réforme des retraites, le 11 février 2023 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Passer à la vitesse supérieure pour convaincre le gouvernement de reculer. Sur le front syndical comme dans les rangs du cortège ce samedi, les voix se font de plus en plus nombreuses pour installer le mouvement de contestation dans la durée.

Deux camps se font face ce samedi soir après une journée de mobilisation qui a rassemblé entre 963.000 et 2,5 millions de personnes : le gouvernement qui refuse de lâcher du lest sur le recul de l’âge de départ et les organisations syndicales qui envisagent de muscler leur réponse.

"À un moment, il faut dire stop à tous les efforts qu’on demande toujours aux mêmes. Si on doit aller plus loin, on le fera", assure auprès de BFMTV.com Delphine, infirmière de 43 ans, présente ce samedi à la manifestation parisienne
Delphine (à droite), infirmière de 43 ans, présente le 11 février 2023 à Paris lors de la 4ème journée de lutte contre la réforme des retraites
Delphine (à droite), infirmière de 43 ans, présente le 11 février 2023 à Paris lors de la 4ème journée de lutte contre la réforme des retraites © BFMTV

Parmi les options envisagées: installer dans la durée les mobilisations dans la rue ou encore aller vers "des grèves reconductibles" à la RATP, la SNCF ou encore dans les aéroports, comme l’a expliqué Philippe Martinez, le numéro 1 de la CGT vendredi après "l’appel à la responsabilité" lancé par Emmanuel Macron depuis Bruxelles .

Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT n’a pas non plus goûté le message du président, rappelant qu’il n’y avait pas eu d’appel à la grève dans les transports samedi, premier jour des vacances de la zone B – une façon de garder le soutien des Français.

"Le rapport de force marche"

Depuis le début du mouvement contre le recul de l’âge de départ à la retraite, les syndicats ont d’ailleurs toujours veillé à garder de leur côté l’assentiment des Français, opposés au recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans à 65% d’après le dernier sondage Elabe pour BFMTV.

Parmi les manifestants présents à Paris pour cette 4ème journée de mobilisation, nombreux sont pourtant ceux à pousser les partenaires sociaux à aller plus loin, face au gouvernement qui maintient sa réforme en l’état.

"Les contrôleurs à la SNCF ont eu gain de cause pendant les vacances de Noël parce qu’ils ont mis la pression. On voit bien que c’est le rapport de force qui marche et qui peut faire plier le gouvernement. Il faut aller vers un mouvement beaucoup plus massif", nous confie Louise, 24 ans.

Louise (à droite), 24 ans, manifestante contre la réforme des retraites le 11 février 2023
Louise (à droite), 24 ans, manifestante contre la réforme des retraites le 11 février 2023 © BFMTV

"Le manque de perspective démocratique"

Conscient du risque de durcissement du conflit, l’exécutif n’a eu de cesse ces derniers jours d’assurer de sa posture d’écoute. "Nous avons d’ores et déjà modifié en profondeur le texte en tenant compte de ce qui nous a été dit", a ainsi assuré le ministre délégué aux Relations avec le Parlement Franck Riester jeudi soir sur BFMTV.

Si le bras de fer semble pour l’instant à l’avantage du gouvernement, c’est qu’Emmanuel Macron a fait de cette réforme l’alpha et l’omega de son second quinquennat. "Si on lâche sur les retraites en début de mandat, au lieu d'être ferme, on ne pourra plus avancer sur rien", avançait dès la réélection un poids lourd de la majorité. Le président n’a guère non plus de raison électorale de lâcher du lest alors qu’il ne se représentera pas en 2027.

Mais pour Laurent Berger, ces arguments ne tiennent pas. Le secrétaire général de la CFDT a pointé sur notre antenne mercredi le "manque de perspective démocratique d’un pays qui ne répond pas à 1,5 million de personnes", qualifiant l’attitude du pouvoir "de faute démocratique". Avec en ligne de mire, le mouvement des gilets jaunes.

"On ne nous entend pas donc on va parler plus fort"

Tout en faisant descendre bien moins de Français dans la rue, les manifestants avaient poussé le gouvernement à débloquer des mesures chiffrées entre 12 et 15 milliards d’euros après plusieurs détériorations d’ampleur comme place de l’Arc de Triomphe à Paris.

Raphaël, 18 ans, présent dans les rues de Paris lors de la quatrième journée de manifestation évoque de son côté deux pistes pour faire reculer le gouvernement.

Raphaël, étudiant et manifestant contre la réforme des retraites le 11 février 2023 à Paris
Raphaël, étudiant et manifestant contre la réforme des retraites le 11 février 2023 à Paris © BFMTV

"Il faut bloquer toutes les facs. La jeunesse fait toujours peur au gouvernement. Et il faut multiplier les opérations Robin des Bois" qui consistent pour la CGT énergies à passer en tarif réduit les compteurs de PME, comme les boulangeries ou à rétablir le courant dans certains foyers en grande difficulté financière.

"On ne nous entend pas donc on va parler plus fort", résume l’étudiant en fac d’histoire.

Plus de 4 Français sur 10 souhaitent que le mouvement contre la réforme des retraites se durcisse, d’après un sondage Elabe pour BFMTV.

Marie-Pierre Bourgeois et Anthony Audureau