Riester assure n'avoir "jamais dit que tous les retraités auraient 1200 euros" et se fait tancer à gauche

Le ministre délégué aux Relations avec le Parlement explique que le gouvernement "a toujours dit que ces 1200 euros seraient pour les gens qui ont une carrière complète au Smic" au moment de prendre leur retraite. Problème: la "retraite minimum à 1200 euros" est défendue régulièrement par la majorité, sans toujours préciser le montant des salaires concernés.

Une sortie qui ne passe pas inaperçue. Franck Riester, le ministre délégué des Relations avec le Parlement, est revenu sur la retraite à 1200 euros pour les futurs retraités. La gauche s'est emparée de cette déclaration, après une première phrase polémique du membre du gouvernement sur les femmes "un peu pénalisées" par la réforme.

"Nous n’avons jamais dit que tous les retraités auraient 1200 euros. C'est faux, on n’a jamais dit ça", avance le ministre délégué aux Relations avec le Parlement ce vendredi soir sur BFMTV.

Un argument central pour convaincre sur la réforme des retraites

"On a toujours dit que ces 1200 euros seraient pour les gens qui ont une carrière complète au SMIC", explique encore Franck Riester sur notre antenne.

Sa déclaration intervient alors que l'exécutif qui a fait des "1200 euros de retraite pour tous" un argument pour convaincre du bien-fondé de sa réforme des retraites se retrouve en difficulté sur le sujet.

Selon Élisabeth Borne lors de la présentation de la réforme des retraites mi-janvier, elle concernera "les salariés et les indépendants, notamment les artisans et commerçants, qui ont cotisé toute leur vie avec des revenus autour du Smic".

Dans son programme présidentiel d'Emmanuel Macron lors de la campagne, on peut d'ailleurs lire que "la retraite minimale sera portée à 1100 euros pour une carrière complète", sans précision du montant des salaires des futurs retraités.

"On aura toujours au moins une personne sur 4 qui sera sous les 1200 euros"

Problème: cette revalorisation sera finalement très loin de concerner tous les retraités qui touchent de petites pensions.

"On aura toujours au moins une personne sur quatre qui sera sous les 1200 euros, très nettement", a d'ailleurs reconnu Olivier Dussopt, le ministre du Travail sur France Inter ce jeudi.

"C'est pour une carrière entièrement rémunérée au Smic, à temps plein", a encore précisé le membre du gouvernement.

"L'objectif est qu'avec une carrière complète, personne ne parte en retraite avec moins de 1200 euros net par mois, soit 85 % du Smic", affirmait pourtant de son côté Franck Riester dans les colonnes de Sud Ouest en décembre dernier.

"La retraite à 1200 euros est une fable"

La contradiction n'a pas échappé à la gauche, quelques jours à peine après que le ministre ait reconnu sur LCP et Public Sénat que les femmes seraient "un peu pénalisées" par la retraite à 64 ans.

"Il faut toujours écouter Franck Riester. C’est déjà lui qui a reconnu que la #ReformeDesRetraites allait creuser les inégalités femme-homme et c’est lui qui avoue maintenant que la retraite minimale à 1200€ est une fable. Merci", a avancé Olivier Faure, le numéro 1 du Parti socialiste sur Twitter.

Même son de cloche du côté de Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise.

"Décidément, le ministre Riester est l’homme des aveux. Après avoir reconnu que la réforme des retraites pénalisera les femmes, le voilà qui avoue le mensonge sur la retraite à 1200 euros", avance ce proche de Jean-Luc Mélenchon.

Son collègue Hadrien Clouet manie de son côté l'ironie. "Enfin, Franck Riester est revenu. Et il va sans doute remettre un million de personnes en plus dans la rue", juge cet élu LFI.

"Pour savoir la vérité, demandez à Riester"

Le communiste Ian Brossat n'est guère plus tendre. "Pour savoir la vérité sur cette sale réforme des retraites, demandez à Riester. Après avoir admis qu'elle pénalise les femmes, il avoue que la promesse de la retraite minimum à 1200 euros est bidon !", écrit sur son compte Twitter ce proche de Fabien Roussel.

En guise de justification face à la contradiction du gouvernement, Olivier Dussopt a avancé sur France inter l'impossibilité "d'imaginer un système de retraite où la retraite serait supérieure à ce qu'on a gagné toute sa vie comme salaire". Le ministre du Travail n'a pas été en mesure d'indiquer le nombre de personnes concernées par la mesure.

"Près de 2 millions de petites retraites vont être augmentées", avançait de son côté la Première ministre lors de la présentation de la réforme.

Marie-Pierre Bourgeois