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Grève SNCF: 5000 enfants voyageant seuls ne partiront pas, à qui la faute?

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- - François Guillot - AFP

Du fait de la grève, la SNCF a supprimé pour les cinq prochains jours son service Junior et Cie laissant 5000 enfants sans solution de voyage. La CGT dénonce cette décision et assure que ce service est assuré par un prestataire extérieur. Qui a raison?

"La SNCF prive 6000 enfants de train pour noël." C'est ainsi que la CGT présente dans un communiqué la décision prise par la SNCF de suspendre son service Junior et Cie entre le 19 et le 24 décembre prochain. 

Ce service proposé par la SNCF depuis quelques années permet aux parents d'enfants âgés de quatre à quatorze ans de les faire voyager seuls avec des accompagnants qui s'assurent de leur sécurité. Un service que la compagnie ferroviaire regrette ne pas pouvoir assurer ces prochains jours en raison de la grève et d'un manque de personnel.

Une décision que conteste la CGT. Ce syndicat parle d'un "acte de sabotage délibéré qui n’est pas du fait des grévistes et qui instrumentalise les enfants et leur famille pour tenter de discréditer ceux qui luttent pour le progrès social."

La CGT précise que ce service n'est pas assuré directement par la compagnie mais par un sous-traitant. Selon elle donc, l'argument de la grève ne tient pas.

Jointe par BFMTV, la SNCF conteste le chiffre de 6000 enfants concernés et parle elle de 5000. Mais elle confirme que les animateurs qui prennent en charge les enfants dans le train ne sont pas des agents de la compagnie. Il s'agit d'animateurs recrutés par la société d'agence d'hôtes d'accueil CityOne. Or le personnel de ce prestataire n'est pas en grève.

Des rames bondées

La SNCF a-t-elle donc supprimé ce service à dessein afin de faire porter la responsabilité sur les grévistes et revendre les places plus cher derrière comme l'accuse le syndicat?

La compagnie ferroviaire dément cette version. "C'est dans un souci de sérénité et de sécurité pour les enfants que nous avons préféré suspendre ce service, assure un porte-parole de la compagnie. Les rames vont être bondées et ça aurait été très compliqué de s'occuper de ces enfants dans ces conditions." Le service prévoit en effet un animateur pour douze enfants.

Si le service est assuré par des animateurs externes, des agents SNCF sont aussi sollicités, souligne par ailleurs, la compagnie. Les enfants sont accueillis en gare une heure à l'avance avec leur parents par les animateurs mais aussi des agents d'accueil de la compagnie. Les animateurs de CityOne se chargent ensuite de conduire les enfants dans le train mais ce sont à nouveau des agents SNCF qui sont chargés de les accueillir dans leur gare d'arrivée.

Car si le service Junior et Cie n'est proposé que pour des destinations sans correspondance, certains enfants peuvent descendre avant le terminus du train. L'animateur ne pouvant pas abandonner son groupe le temps de l'arrêt, ce sont bien des agents dits d'escale qui doivent récupérer les enfants pour les confier aux parents à l'arrivée. "Avec la grève, ces escales ne pourront pas être tenues, explique-t-on du côté de la SNCF. Certains personnels sont en grève et les autres seront occupés à s'occuper des nombreux voyageurs attendus ces jours-ci."

Les enfants sacrifiés?

La SNCF a-t-elle préféré sacrifier les enfants pour vendre le plus de billets possibles comme font état de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux? Pour assurer le service Junior et Cie, la compagnie réserve une rame trois mois à l'avance dans laquelle tous les enfants voyageront. Les parents désireux de faire voyager leurs enfants réservent ainsi leurs places et paie un forfait minimum de 35 euros pour l'accompagnement en plus du prix du billet. Mais celui-ci est généralement vendu moins chers, jusqu'à 50% de moins que le prix d'un billet sur le même train vendu à la même date. Ce qui fait dire au leader de la CGT Philippe Martinez que la compagnie a "dégagé les enfants non accompagnés, pour assurer de la place pour les adultes, qui d'ailleurs paient leurs billets beaucoup plus cher."

Avec la grève et la volonté du gouvernement de faire voyager le plus possible de voyageurs (850.000 personnes avaient réservé un billet pour ce week-end des départs), la SNCF a effectivement du trouver des places dans un contexte ou seulement un TGV et Intercités sur deux doivent rouler.

"Nous avions 15% de reports de personnes dont le train était annulé et que nous avons du remettre dans d'autres trains", confirme la compagnie. Or dans ce contexte de forte affluence et de difficulté d'accueil, la compagnie a préféré récupérer les rames prévues pour le service Junior et Cie pour les reports. Pour profiter de la situation en les revendant plus chers à des adultes, comme le dénonce la CGT?

La compagnie affirme qu'il n'y pas de calcul financier dans cette opération. "Les places que nous avons récupérées ont re-proposées sans surcoût aux personnes qui ont vu leur train annulé", tient-elle à préciser. La SNCF s'engage par ailleurs à rembourser ceux qui ont tout de même eu des surcoûts à l'achat d'un nouveau billet à la suite à d'une erreur technique

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco