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"Le pire, c'est qu'on travaille": une boulangerie lance une cagnotte pour payer sa facture d'électricité

Julie Chiriaeff et son mari Jonathan dans leur petite boulangerie-pâtisserie de la Marne.

Julie Chiriaeff et son mari Jonathan dans leur petite boulangerie-pâtisserie de la Marne. - BFMTV

Un couple de boulangers d'un petit village de la Marne a lancé une cagnotte dans l'espoir de réussir à payer la facture d'électricité collossale, qui s'élève à près de 10.000 euros mensuels pour novembre et décembre 2022.

Le sol s'est dérobé sous les pieds de Julie et Jonathan lorsqu'ils ont découvert, en mars dernier, le montant faramineux de la facture d'électricité de leur petite boulangerie rurale, installée à Jonchery-sur-Vesle (Marne) depuis bientôt trois ans. Pour seulement deux mois (novembre et décembre 2022), le couple de trentenaires devait régler à son fournisseur une note de près de 20.000 euros, alors qu'un mois habituel leur revient d'habitude à 1800 euros en hiver.

"C'est simple, c'est impossible à payer", affirme à BFMTV.com Julie Chiriaeff, propriétaire et co-gérante de la boulangerie pâtisserie Pain & Passion.
Jonathan Rigaut en train de faire du pain dans sa boulangerie.
Jonathan Rigaut en train de faire du pain dans sa boulangerie. © BFMTV

Elle raconte avoir cédé à la panique en découvrant cette facture "hallucinante", arrivée tardivement dans sa boîte aux lettres.

Menace de fermeture... et de perte de logement

Aujourd'hui, la jeune femme cherche par tous les moyens à se faire expliquer ce montant pharaonique, car sa consommation n'a pas changé. Elle a sollicité l'aide d'élus locaux, envoyé un courrier pour demander à Totalenergies de justifier une telle hausse de ces tarifs, et a même lancé une cagnotte la semaine dernière afin de tenter de garder la tête hors de l'eau, le temps d'éclaircir la situation. À ce jour, celle-ci leur a permis de récolter plus de 1500 euros.

"Je n'ai aucune idée de comment on va s'en sortir", s'inquiète cette femme, mère de jumeaux de 7 ans. "Non seulement nous sommes loin d'avoir fini de rembourser notre fonds de commerce, car le prêt durait 8 ans. Mais en plus nous vivons dans un appartement sur place. Donc si on ne trouve pas une situation rapidement et qu'on perd ces locaux, on va se retrouver à la rue."

La frustration est d'autant plus grande que la boulangerie fonctionne très bien.

"Le pire, c'est qu'on travaille", lance la jeune femme de 35 ans, qui assure que "son carnet de commandes pour Pâques était rempli".

"Mais même ça, ça n'est plus suffisant", regrette-t-elle. "Les petits commerces ferment les uns après les autres. Avec ça et la hausse des matières premières, j'ai l'impression qu'on se fait assassiner... En plus, ça n'a rien à voir avec notre courage ou avec la qualité de notre travail".

Depuis le début de l'année, le couple a changé de fournisseur électrique, et a retrouvé des factures plus "raisonnables", qui avoisinent les 2000 euros mensuels. Malgré tout, pour ne pas devoir mettre la clef sous la porte, Julia et Jonathan espèrent bien réussir à régler cette facture.

Car ces derniers mois, de nombreuses boulangeries ont été contraintes de tirer le rideau, faute de ressources suffisantes pour pouvoir amortir la hausse des prix. Et les aides gouvernementales annoncées en fin d'année dernière ne sont pas suffisantes, car les démarches demandent du temps avant d'être mises en places. Et en attendant, les factures doivent continuer à être payées.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV