Laurent Berger: "la crise sociale est en train de se transformer en crise démocratique"

Le leader de la CFDT a déclaré à la Première ministre que la crise sociale s'enfonçait selon lui dans une crise de légitimité démocratique et a mis fin lui-même à la réunion avec l'intersyndicale.

"La crise sociale est en train de se transformer en crise démocratique". A la sortie de la rencontre de l'intersyndicale avec la Première ministre qui aura duré moins d'une heure, le secrétaire général de la CFDT a estimé que le mouvement de protestation avait changé de nature ces dernières semaines.

"On avait une crise sociale qui est en train de se transformer en crise démocratique", a déclaré Laurent Berger.

Lors de la réunion avec Elisabeth Borne, le patron de la CFDT a évoqué les trois mois passés de contestation sociale, rappelant que "plus d’un million de travailleurs et de travailleuses défilent chaque semaine."

"Les travailleurs et les citoyens rejettent massivement la réforme des retraites que vous proposez. Ils la rejettent car elle est injuste et brutale, a déclaré ce matin le patron du premier syndicat français. Injuste car seuls les travailleurs sont mis à contribution. Injuste car les plus gros efforts pèsent sur les épaules de ceux et celles qui ont commencé à travailler tôt, qui exercent des métiers pénibles. Et ce projet de réforme est brutal car il a vocation à entrer en vigueur très rapidement, prenant de court des milliers de personnes qui avaient organisé leur fin de carrière."

Retirer la réforme

Selon Laurent Berger, l'inflexion du gouvernement à maintenir le report de l'âge légal de départ à 64 ans a suscité une "défiance vis-à-vis de nos institutions est à un niveau jamais égalé".

"Ce sont maintenant nos règles de vie en société qui sont fragilisées et notre démocratie qui est écornée", a-t-il déclaré à la Première ministre.

Alors que le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision sur le projet de loi le 14 avril prochain, le leader de la CFDT craint que la décision des Sages ne "déséquilibre encore plus le projet de loi et renforce encore ce rejet, ce ressentiment et cette colère."

L'institution pourrait en effet censurer ce qu'on appelle les "cavaliers sociaux", soit les dispositions comme l'index senior ou le CDI senior qui ont un effet trop indirect sur les recettes ou les dépenses de la Sécurité sociale et qui n'auraient donc par leur place dans une loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) comme c'est le cas de cette réforme.

"Nous vous demandons de suspendre ou retirer la réforme des retraites pour prendre le temps de remettre le débat dans le bon sens", a déclaré Laurent Berger à la cheffe du gouvernement.

Le patron de la CFDT souhaite que partenaires sociaux et gouvernement se remettent autour d'une table pour repartir de zéro.

"Organisez une conférence sociale autour des retraites et du travail et la CFDT y participera, a dit Laurent Berger à Elisabeth Borne. Mais avant cela Madame la Première ministre, pouvez-vous répondre à cette question: Etes-vous prête à retirer cette réforme ?"

La réponse de l'intéressée a de toute évidence était "non". Ce qui a conduit Laurent Berger à mettre fin à la réunion au nom de l'intersyndicale selon Sophie Binet de la CGT.

https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco