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Inflation: la pause déjeuner menacée par l'explosion des produits de "snacking"

Face à la hausse des prix, les Français déjeunent de moins en moins au restaurant ou en boulangerie et se tournent vers les produits de snacking, vendus en grande surface.

Avec l'inflation, fini les repas au restaurant pour la pause déjeuner. Selon l'Insee, les prix se sont envolés de 6,3% en un an en France et de 14,8% dans le secteur de l'alimentation. Résultat, l'affluence dans les restaurants, où le repas coûte en moyenne autour de 15 euros, baisse considérablement.

Elle chute d'environ 50% à Paris et jusqu'à 70% à Marseille le midi, selon Franck Chaumes, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), cité par Le Parisien. Les restaurants ne rentrent plus dans les clous des titres restaurants qui s'élèvent en général entre 9 et 10 euros dans les entreprises.

"C'est un mouvement dans les grandes villes et villes moyennes", confirme Alain Fontaine, gérant du Mestruet à Paris et président de l’association des Maîtres-Restaurateurs, qui parle sur BFMTV d'une "anglosaxonalisation de nos consommations du midi".

"Si vous allez à Londres ou à New-York, vous voyez tout le monde avec un petit sac de sandwich", fait-il remarquer. Alain Fontaine explique ce phénomène par le fait "les entreprises ont tout fait pour garder les employés devant leur ordinateur ou leur bureau, ce qui n'a pas échappé aux investisseurs dans les chaînes de sandwicherie".

Les ventes de snacking ont bondi de 12,5% en grande surface

Les boulangeries elles-mêmes se font concurrencer par les grandes surfaces, où le sandwich coûte autour de 2 euros. "On ne peut pas se bagarrer contre une industrie qui fabrique par millions ses sandwichs", affirme sur BFMTV Maxime Lefebvre, gérant de plusieurs boulangeries à Amiens, qui "voit ce changement s'opérer de plus en plus".

Tous les produits de snacking ont explosé. Entre 2021 et 2022, les ventes de sandwichs, baguettes, triangles, wraps et autres bagels dans ces grandes surfaces ont bondi de 12,5%, selon le cabinet Nielsen. En 2023, ces produits ont connu une nouvelle hausse de 5,2% par rapport à début 2022.

Alain Fontaine dénonce pourtant la "malbouffe" des sandwichs achetés en grande surface. Il oppose leur "côté économique très fort" aux "métiers de passion" des boulangers et restaurateurs "qui se battent pour bien faire manger leurs clients, et en même temps faire vivre leur entreprise, leur famille et leurs employés".

"Il va falloir que les Français sachent ce qu'ils veulent, bien manger ou mal manger, et à quel prix", déclare le président des Maîtres-Restaurateurs. Si l'inflation est en cause, "c'est aussi une question de choix", selon Maxime Lefevre. "Il y a des gens qui préfèrent dépenser leur argent pour faire autre chose que pour bien s'alimenter", affirme-t-il.

Marius Bocquet