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Economie et Social

Gabriel Attal réunit le gouvernement pour aborder le sujet du travail et de l'assurance-chômage

Un séminaire consacré au travail doit se tenir à Matignon ce mercredi 27 mars, dans la matinée. Le gouvernement cherche à réaliser des économies supplémentaires et pourrait enclencher une nouvelle réforme de l'assurance-chômage.

Gabriel Attal réunit mercredi matin l'ensemble du gouvernement à Matignon pour un séminaire aux allures de conseil des ministres consacré au travail au moment où les dépenses sociales comme celles de l'assurance-chômage sont dans le viseur de l'exécutif pour combler le déficit qui a dérapé l'an dernier. Le Premier ministre sera ensuite interrogé par TF1 au journal de 20h.

"Nous allons poursuivre sur cette voie de rigueur et de responsabilité avec toujours un fil rouge (...) celui du travail" parce que "plus nous aurons de Français qui travaillent, plus nous aurons de possibilités d'équilibrer nos finances", a assuré le Premier ministre mardi, en citant la réforme de l'assurance-chômage.

Incitation à la reprise d'emploi

Selon Matignon, le séminaire gouvernemental portera sur l'incitation à la reprise d'emploi, dont font partie les réformes contestées du RSA (revenu de solidarité active, ndlr) et de l'assurance-chômage, sur la "désmicardisation" ou les bas salaires, et sur les nouvelles formes de travail comme la semaine en quatre jours, encore au stade expérimental.

Autant de priorités que Gabriel Attal avait développées dans sa déclaration de politique générale fin janvier.

Or le gouvernement est en quête d'économies après le dérapage inédit du déficit public de la France, qui a atteint 5,5% du PIB en 2023, selon l'Insee. Soit 15,8 milliards d'euros de plus que ce qu'avait prévu le gouvernement, compliquant l'objectif de désendettement pourtant réaffirmé par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui exclut d'augmenter les impôts.

Nouvelle réforme de l'assurance-chômage?

Dix milliards d'euros de coupes ont déjà été actées mi-février sur le budget 2024, notamment dans les secteurs de la transition écologique, du travail ou de l'éducation, en réponse à des recettes fiscales moins dynamiques qu'espéré en 2023.

Mais des économies supplémentaires dès cette année seront nécessaires, a prévenu Bruno Le Maire, se refusant pour le moment à donner une estimation. Et c'est surtout dans le budget 2025 que des efforts devront être réalisés, estimés par Bercy à "au moins 20 milliards" d'euros.

Parmi les pistes envisagées par l'exécutif pour doper l'emploi et faire des économies figure une nouvelle réforme de l'assurance-chômage que contestent les syndicats, après celles controversées de 2019 et de 2023.

Gabriel Attal entend "rouvrir" ce chantier, en défendant "un modèle social qui incite davantage à l'activité".

Reprise en main par l'Etat

Bruno Le Maire répète depuis des semaines qu'il faut réduire la durée d'indemnisation des chômeurs, arguant que les réformes de structures sont nécessaires pour atteindre le plein emploi.

Il plaide pour une reprise en main "définitive" par l'Etat de l'assurance-chômage, actuellement pilotée par les partenaires sociaux, via l'Unédic, organisme paritaire. Syndicats et patronat renégocient les règles tous les deux à trois ans pour tenir compte des évolutions du marché du travail.

Les responsables des cinq grandes centrales syndicales ont appelé le 18 mars à renoncer à une nouvelle réforme et à "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs".

Envoyer un signal aux agences de notation

Une nouvelle réunion sur "le pacte de vie au travail", entre organisations syndicales et patronales s'est tenue par ailleurs mardi. Ces négociations portent notamment sur l'emploi des seniors, pour permettre aux salariés de rester plus longtemps en poste, alors que l'âge légal de départ à la retraite a été porté de 62 à 64 ans.

Cette réunion devait être la dernière mais au regard des faibles avancées, une séance supplémentaire a été ajoutée au programme le 8 avril. Si les partenaires sociaux ne parviennent pas à un accord, l'Etat reprendra la main.

Selon un cadre de la majorité, le gouvernement cherche des "marges financières" mais sur le travail "il y en a peu" alors que plusieurs réformes structurelles ont déjà été entreprises, des retraites au RSA.

La baisse de la durée d'indemnisation prendrait au moins un an à produire ses effets sur les comptes publics, "entre le temps de la négociation et celui de la mise en oeuvre", selon lui.

Mais "le signal est intéressant pour les institutions financières et les marchés", à l'heure où la note de la France pourrait être dégradée par les grandes agences dans les prochaines semaines.

T.C. avec AFP