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Espagne: la mairie de Barcelone instaure une "taxe Amazon" sur les principaux livreurs à domicile

Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, cette taxe sera prélevée auprès des 26 livreurs locaux réalisant plus d'un million de chiffre d'affaires en raison de leur utilisation de l'espace public à des fins commerciales.

C'est une mesure qui pourrait donner des idées à d'autres villes à travers le monde. Comme le révèle le quotidien espagnol El Païs, la municipalité de Barcelone va instaurer à partir du mois de mars une taxe ciblant les opérateurs de livraison locaux dont le chiffre d'affaires dépasse le million d'euros. Parmi les 26 livreurs correspondant à ce critère, figurent des mastodontes internationaux du secteur comme Amazon, DHL, UPS mais aussi des entreprises moins notoires comme Correos Express, Seur et MRW.

"Barcelone est la première ville d'Espagne à créer une taxe pour les grandes plateformes de livraison de colis, nous avons transformé ces grandes entreprises en contribuables: dans le passé, elles étaient actifs dans l'utilisation de la ville, mais elles ne contribuaient pas à l'intérêt général", a déclaré le maire adjoint à la culture Jorgi Marti.

Une taxe égale à 1,25% du chiffre d'affaires

Des études sur trois ans ont été nécessaires à l'élaboration du dispositif dans les meilleures conditions fiscales afin d'éviter les poursuites judiciaires de la part des entreprises concernées. Concrètement, les entreprises seront ainsi taxées au nom de leur utilisation de l'espace public lors de leurs livraisons à domicile et non pas lorsqu'ils déposent les colis dans des points relais.

"Du point de vue des finances publiques, l'utilisation de l'espace public à des fins économiques était jusqu'à présent gratuite et aura désormais un coût, a expliqué Montse Ballarín, conseillère municipale experte en finances publiques qui a dirigé les travaux. C'est un grand jour pour les entreprises locales qui paient une taxe si elles utilisent le trottoir, la taxe sur l'activité économique ou la taxe sur les ordures".

Selon les experts de l'université de Barcelone, l'occupation des quelque 8300 places de stationnement non-réservées aux résidents barcelonais coûte 2,6 millions d'euros par an. Ce chiffre sera le montant plafond prévu pour la redevance. "A partir de là, sur la base de la facturation de 200 millions d'euros des principaux opérateurs de la ville, le taux de la taxe est fixé à 1,25 % de la facturation annuelle de chaque opérateur", détaille El Païs.

Un double objectif économique et écologique

Cette taxe répond à un double objectif, économique et écologique, en favorisant le recours aux points relais qui permettent de mutualiser les livraisons et leurs retraits tout en redonnant sa place au commerce de proximité. "La taxe vise à changer les habitudes envers le commerce de proximité en égalisant les chances avec le commerce électronique et pour que nous soyons de plus en plus nombreux à nous rendre dans les points de collecte et à éviter que la ville soit pleine de véhicules de livraison occupant l'espace public et provoquant des embouteillages et de la pollution", a souligné le premier adjoint au maire chargé de l'économie Jaume Collboni.

"Elle ne taxe pas le consommateur final, ni les livraisons entre entreprises, ni le petit livreur indépendant."

Timothée Talbi