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Lessive, gel douche, couches... Pourquoi c'est la fin des "super promos" pour les produits d’hygiène

La loi Egalim III qui entre en vigueur ce 1er mars va limiter les promotions sur l'hygiène et l'entretien à 34% de la valeur des produits comme c'est le cas sur l'alimentaire. Très critiquée par la grande distribution, cette mesure sera-t-elle inflationniste?

La fin des promos sur les produits d'hygiène c'est maintenant. Ce vendredi 1er mars, l'article 7 de la loi Egalim III qui encadre les négociations commerciales est entrée en vigueur. Depuis 2018 et l’adoption de la loi Egalim I, les promotions sur les produits alimentaires sont plafonnées à 34%. A partir d'aujourd'hui, cette disposition est étendue aux rayons droguerie, parfumerie et hygiène, tels que la lessive, le gel douche ou les couches.

Sur ces produits, les distributeurs pourront toujours faire des offres promotionnelles mais elles seront limitées à 34% de la valeur du produit. Autrement dit le "un acheté, un offert" est désormais illégal puisque cela revient à réduire le prix du lot de 50%. En revanche le "deux acheté, un offert" pourra toujours être pratiqué puisque la baisse de prix est de 33%.

Ces dernières semaines, les enseignes ont multiplié les opérations promotionnelles sur ces produits pour profiter de la dernière fenêtre d'autorisation. Ce dont les consommateurs ont profité avec des bonds de près de 20% des ventes sur les produits d'entretien et de 9% sur l'hygiène.

"En encadrant les promotions sur ces produits, comme c’est le cas pour l’alimentaire, l’idée est d’éviter que les exploitants ne subissent de pression pour tirer au maximum leurs prix vers le bas et ne soient en deçà de leurs coûts de production", indique le site du ministère de l'Economie.

"Du délire" pour Leclerc

Cette disposition répond à un objectif de protection des industriels lors des négociations avec la grande distribution, notamment les petites ou moyennes entreprises qui ne peuvent pas aligner leurs prix sur ceux des supermarchés.

Adoptée en mars 2023 en pleine période de hausse des prix alimentaires, cette proposition de loi du député Frédéric Descrozaille (Renaissance) a été la cible de critiques de l'ensemble de la grande distribution.

Pour Michel-Edouard Leclerc qui a qualifié ces dispositions de "délire", "il n'y a aucune raison qu'on interdise la promo sur le Coca, le jus d'orange, ou les produits d'hygiène au prétexte d'aider les agriculteurs."

Si le vote de cette loi a eu lieu il y a un an à une période où l'inflation alimentaire atteignait 15,8% selon l'Insee, son entrée en application se fait à un moment plus favorable. L'inflation en France est retombée en février à son plus bas niveau depuis deux ans et les prix de l'alimentaire poursuivent leur décrue (+3,6% sur un an en février après +5,7% en janvier).

Pour son promoteur Frédéric Descrozaille, cette loi n'aurait de plus pas d'effet inflationniste contrairement à ce qu'affirment les distributeurs.

"Contrairement à ce que l’on pense, en dépit de l’encadrement des promotions, les prix de fond de rayon des produits qui ne seront plus soumis à ces promos massives vont probablement baisser", assurait-il en janvier dernier à LSA.

Comment fonctionnent les promotions ?

Les clients ne le savent pas toujours mais ce sont les fabricants qui financent les promotions et non les Carrefour, E.Leclerc et autre Intermarché. Dans le cadre de leurs discussions avec leur fournisseurs, les acheteurs de ces enseignes négocient des remises de plusieurs sortes (certaines sont inconditionnelles, d'autres liées à des objectifs de vente). Ils facturent ensuite des services commerciaux comme des mises en avant sur les fameuses têtes de gondole, ce qui fait de nouveau baisser le prix proposé par l'industriel.

C'est dans un dernier temps qu'interviennent les promotions qui viennent finir de dégrader le tarif du produit proposé par le fabricant pour obtenir le prix d'achat final dit "4 net".

Selon le député Descrozaille, l'encadrement du dernier étage des rabais (la promotion) redonnerait des marges de manoeuvre aux industriels qui seraient plus enclin de baisser les prix des produits en fond de rayon plutôt que de financer des opérations ponctuelles à très fort taux de réduction. Les mois prochains diront s'il a vu juste.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco