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Restauration: les fast-food sortent gagnants de la crise sanitaire

Selon une étude de Xerfi, le secteur se redresse et devrait retrouver son niveau d'avant-crise l'an prochain. Mais cette convalescence est plus ou moins rapide selon les types d'établissements.

C'est l'un des secteurs le plus touché par l'épidémie de covid. La restauration commerciale (restaurants classiques, fast-food et libre-service) se redresse enfin cette année après deux années de crise marquées par une série de fermetures administratives et de réouvertures, de jauges et diverses restrictions.

Selon une étude de Xerfi, le chiffre d’affaires du secteur bondira ainsi de 30% en 2022 par rapport aux 44,7 milliards d’euros engrangés en 2021. De quoi se rapprocher de l'activité observée avant la crise: en 2019, le chiffre d'affaires s'était hissé à 60 milliards.

Xerfi n’anticipe donc pas de retour à la normale avant 2023, première année d’activité pleine pour la restauration commerciale. Le chiffre d’affaires du secteur progressera alors de plus de 5% en moyenne l’an prochain et en 2024.

Retour à la normale l'an prochain

Mais cette convalescence est plus ou moins rapide selon les types d'établissements. Et il semble que les fast-food tirent leur épingle du jeu.

"Structurellement plus dynamique que la restauration traditionnelle, la restauration rapide a mieux résisté à la crise sanitaire dans la mesure où elle est rompue à la vente à emporter et à la livraison", peut-on lire.

"Ainsi, l’activité de ce segment progressera au rythme de 12% en 2022 puis de 7% par an en moyenne les deux années suivantes. Ce format sera en effet toujours plébiscité par les consommateurs, notamment pour la variété du choix et le niveau modéré du ticket moyen", souligne Delphine David, experte distribution et e-commerce pour Xerfi.

A l'inverse, la croissance du chiffre d’affaires des restaurants traditionnels sera d’environ 4% par an en moyenne en 2023 et 2024.

50% pour les restaurants traditionnels, 43% pour les fast-food

De quoi resserrer l'écart entre ces deux types d'établissements: la restauration traditionnelle s'arroge encore 50% du marché contre 43% désormais pour la restauration rapide. Les 7% restants sont générés par le libre-service (cantines d'entreprises, cafétérias...).

Ce dynamisme ne profite néanmoins pas à tous les acteurs du fast-food. "Si le leader McDonald’s en représente à lui seul 12%, le poids des suiveurs descend rapidement, le troisième opérateur pesant moins de 2%. Globalement, le jeu concurrentiel oppose des groupes américains mono-enseignes de la restauration rapide à des groupes français multi-enseignes et multi-segments", analyse le cabinet d'études.

Dans le même temps, l'essor des fast-food alimente mécaniquement le secteur des plateformes de livraison. "Cette dernière devrait d’ailleurs représenter près de 20% de l’activité de la restauration commerciale en 2024 (contre 15% en 2020)", estime Xerfi. Et ces plateformes (Uber Eats, Deliveroo, Just Eat...) sont elles-mêmes dynamisées par l'émergence des "dark kitchens" (restaurants virtuels). On en comptait déjà plus de 1500 en France l'an passé.

La grande distribution veut sa part

C'est donc dans un environnement de plus en plus concurrentiel que le secteur évolue. D'autant plus que les acteurs de la grande distribution alimentaire veulent aussi leur rond de serviette. Ils "tentent de reconquérir les parts d’estomac perdues au fil des ans face à la restauration. Leur stratégie de développement sur le marché de la consommation hors foyer s’appuie aussi bien sur les parcs de magasins que sur le e-commerce, voire sur la création de concepts de restauration rapide", souligne l'étude. D'autant plus que ces enseignes nouent des partenariats avec les plateformes en ligne...

Reste désormais à savoir comment les Français vont adapter leur consommation de restaurants, traditionnels ou rapides, face à l'inflation généralisée qui pèse fortement sur le pouvoir d'achat. En parallèle, beaucoup d'établissements, notamment les chaînes de fast-food, ont dû augmenter leurs prix face à la flambée des tarifs de l'énergie et des matières premières. Deux phénomènes qui pourraient casser le redressement du secteur cette année.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business