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Prêt-à-porter: une activité en recul en 2023 mais pas pour tout le monde

Le marché de l'habillement a enregistré une baisse de 3,5% de son chiffre d'affaires l'an passé.

Le marché de l'habillement enregistre une baisse de 3,5% de son chiffre d'affaires en 2023, alors que s'ouvre une "année incertaine et complexe" dans un contexte d'inflation, de mouvements sociaux et après de nombreuses faillites d'entreprises, a annoncé mardi l'Alliance du Commerce.

Ce recul en valeur connaît des disparités: -1% du chiffre d'affaires en magasin mais +2% pour les ventes en ligne par rapport à 2022, selon le Panel Retail Int. pour l'Alliance du Commerce.

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Les centres commerciaux de centre-ville et de périphérie connaissent une hausse respective de 2% et 1% tandis que les commerces sur rue de centre-ville enregistrent une baisse de chiffre d'affaires de 1%.

Les "outlets", ces villages de marques (une trentaine en France) proposant des collections passées à prix sacrifiés, s'en sortent avec +2% par rapport à 2022, et +13% depuis 2019.

4.000 emplois supprimés

Le panel intègre une soixantaine d'enseignes (Jules, Monoprix, Levi's, Promod, etc.) représentant 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires soit "un gros quart du marché", a détaillé mardi son fondateur Emmanuel de Courcel lors d'un point presse. En sont exclues de très grandes marques telles H&M, Zara, Primark, SheIn.

"Il y a eu un très gros impact des défaillances qui ont commencé en 2022", a analysé Emmanuel de Courcel, citant la liquidation de Camaïeu.

Depuis, de nombreuses marques ont connu de très grandes difficultés (plans de sauvegarde de l'emploi, redressements judiciaires, réductions de périmètres) comme Kookaï, Don't Call me Jennyfer, Minelli, San Marina.

"Au moins 4.000 emplois ont été supprimés en 2023", d'après les estimations du panel alors que la mode "reste le premier employeur" du commerce de détail hors alimentaire avec 220.000 salariés en France.

L'habillement homme résiste

Entre 2007 et 2013, le secteur de l'habillement a continué à embaucher (+8% d'effectifs) alors que la consommation des ménages baissait (-9%), ce qui tend à montrer "un retard d'adaptation" du marché selon Yohann Petiot, le directeur général de l'Alliance du Commerce.

L'habillement homme résiste, constate le panel, étant "davantage un marché de besoin que d'impulsion".

2024 s'ouvre dans un contexte marqué par des hausses de charges importantes (loyers, transport maritime), un "contexte macro-économique fragile", des mouvements sociaux (blocage des agriculteurs, annonces de grève RATP, etc.) et "une concurrence accrue sur Internet" avec la percée agressive des géants chinois SheIn et Temu.

L'Alliance du Commerce demande au gouvernement de supprimer "le seuil de 150 euros applicables aux droits de douanes sur les produits importés" qui permet à Shein et Temu de ne pas s'acquitter de ces taxes sur les petits colis.

Elle demande également l'abandon du projet européen "de réduire les délais de paiement à 30 jours", qui aurait un impact d'environ 1,6 milliard d'euros sur la trésorerie des enseignes de mode, selon elle.

Olivier Chicheportiche avec AFP Journaliste BFM Business