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Pourquoi le Beaujolais nouveau est devenu un poids lourd des exportations françaises de vin

Comme tous les troisièmes jeudi de novembre, le vin primeur va couler à flots, notamment à l'étranger où il symbolise la France, la convivialité mais surtout une certaine simplicité.

C'est un tour de force. Le Beaujolais nouveau est devenu la deuxième appellation de vin la plus connue dans le monde après le Champagne. Et comme tous les troisièmes jeudi de novembre, ce vin primeur va couler à flots ce 16 novembre, notamment à l'étranger.

En effet, près de la moitié de la production (6,5 millions de bouteilles en 2022 et près de 9 millions en 2021) est vendue à l'export, par avion pour arriver le jour J, dans plus de 100 pays où ce vin jeune rencontre un succès qui ne se dément pas, contrairement à la France où la tendance des ventes est plutôt à la baisse.

Au-delà du débat récurrent sur la qualité de ce vin, une chose est sûre, il est l'un des symboles de la France à l'étranger au même titre que les produits de luxe ou du parfum.

Lechypre d'affaires : Le Beaujolais nouveau, un sacré business - 18/11 - 7h20
Lechypre d'affaires : Le Beaujolais nouveau, un sacré business - 18/11 - 7h20
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La moitié de la production est exportée, essentiellement au Japon

Le Japon en particulier est devenu en quelques années le plus grand importateur de Beaujolais nouveau avec 2,3 millions de bouteilles en 2022, loin devant les Etats-Unis (1,2 million de bouteilles), le Canada, le Royaume-Uni et la Suisse.

En réalité, au pays du Soleil levant, lorsqu'on boit du vin rouge, c'est à coup sûr du Beaujolais. Et pour les Nippons, c'est même un produit de luxe. Son arrivée dans l'archipel provoque parfois quelques excès comme cette mode des bains au beaujolais.

Comment ce vin parfois râpeux, parfois sans caractère mais facile à boire a-t-il conquis autant de pays?

Au-delà des opérations marketing menées par les producteurs, au-delà de l'influence de certaines stars qui louent ce breuvage, ce sont justement ses caractéristiques basiques qui expliqueraient son succès.

"Le plaisir qu’on a à boire un Beaujolais est un peu comme le plaisir qu’on a à manger de la pâte à biscuits crue: aucune expérience nécessaire, juste un pur délice", explique ainsi l'américaine Karen MacNeil, auteure de The Wine Bible.

"Son propre parcours narratif"

"Rien n'est tendance dans le Beaujolais" ajoute le prestigieux New York Times. "Pourtant, pour de nombreux jeunes buveurs de vin élevés avec un régime composé de bouteilles grand public, le découvrir est peut-être une prochaine étape enrichissante".

"Les générations précédentes d'amateurs de vin qui se sont détournées du cabernet sauvignon, des critiques, des partitions de vin et d'autres symboles de convention, ont adopté le Beaujolais, qui a eu son propre parcours narratif au milieu du XXe siècle", ajoute le journaliste Eric Asimov.

Parfait pour les néophytes du vin, mais aussi plaisir simple pour les amateurs, le Beaujolais nouveau occupe donc avec succès le terrain de la convivialité dans ces pays, bien au-delà d'un pur plaisir oenologique.

Mais pour certains experts anglo-saxons, le Beaujolais ne doit pas se résumer à sa déclinaison primeur. Comme le souligne le site américain Tasting Table, "envie d'un vin français chic? Alors ne cherchez pas plus loin que le Beaujolais".

"Même si le cépage peut être à l'origine de nombreux vins glou-glou (traduction: faciles à boire), diverses interprétations du Beaujolais peuvent en réalité être assez complexes", peut-on lire sur le site spécialisé. Un conseil donc: choisissez le bien...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business