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Michel Edouard Leclerc: "Aujourd'hui je n'ai pas le droit de faire le panier anti-inflation"

Michel-Edouard Leclerc, le 25 janvier 2023 sur BFMTV

Michel-Edouard Leclerc, le 25 janvier 2023 sur BFMTV - BFMTV

Sur BFMTV, le patron des centres Leclerc se dit favorable à un panier de produits à prix coûtant mais rappelle que la loi empêche la distribution de brader les prix des produits alimentaires.

Le pannier anti-inflation verra-t-il le jour? Confirmée la semaine dernière par Bruno Le Maire, cette initiative du gouvernement qui veut soumettre à la grande distribution une sélection d'une vingtaine de produits qui seraient vendus à prix coûtant reste pour l'heure au stade de projet.

Pourquoi les grandes enseignes ne prennent-elles pas les devants en lançant des offres équivalentes à ce panier? Invité sur BFMTV ce mercredi, Michel-Edouard Leclerc a expliqué les blocages auxquels le secteur était confronté.

"Pour le blocage des prix, on ne peut pas le faire tant qu'en amont, on ne sait pas à quel prix on achète", rappelle-t-il en pleine période de négociation commerciale avec ces fournisseurs qui pourraient aboutir à des hausses de prix supérieures à 10% en mars.

Le second écueil est cette fois législatif. Depuis 2018, la loi Egalim sur la rémunération de la filière agricole, empêche la grande distribution de vendre avec des taux de marge trop faible. Le but étant que les fournisseurs soient moins mis sous pression par les enseignes et ne répercutent leurs contraintes en achetant moins cher aux agriculteurs.

"Une monstruosité intellectuelle"

Sauf qu'en période de forte inflation, cette contrainte législative aurait des effets de hausses de prix, estime Michel-Edouard Leclerc.

"Quand les pouvoirs publics nous demandent de faire un panier moins cher dans le même temps d'autres ministères nous obligent à prendre des marges sur ces articles", résume-t-il.

"Je vous rappelle que dans la loi Egalim, je suis obligé de prendre 10% de marge [...] sur l'Evian, sur le Coca, sur le Joker, sur le Nescafé, sur le chocolat. Théoriquement pour aider les agriculteurs, poursuit Michel-Edouard Leclerc. Mais c'est une monstruosité intellectuelle cette idée [...] que la marge faite par le distributeur sur ces produits-là va revenir au producteur de porc ou de lait, ça ne marche pas du tout".

Un panier que le distributeur juge par ailleurs un peu limité par rapport aux réels besoins des consommateurs.

"Il ne faut pas qu'il soit trop petit non plus par rapport à notre responsabilité, assure-t-il. Si vous allez à l'île de la Réunion il y a déjà un panier de 100 articles pour les plus démunis. Je dis "oui" sur le principe mais c'est l'ampleur qu'il faut voir, quand on va chez Leclerc on ne demande peut-être pas 20 articles. C'est un peu un effet d'annonce."

"Nos cuves de carburant étaient vides"

Attendu aussi sur les prix du carburant, le patron des centres Leclerc estime que la période n'est pas actuellement propice avec les grèves pour lancer des opérations commerciales.

"La semaine d'avant la manifestation, on a fait +50% de ventes dans les stations-service, nos cuves étaient vides avant même la manifestation et après on n'a plus rien vendu", explique-t-il.

"Il ne faut pas que j'appuie trop sur le bouton de l'attractivité du carburant parce qu'on va désorganiser les circuits d'approvisionnement. Aujourd'hui on en sait pas si les dépôts vont être bloqués, si les raffineries vont être bloquées".

Le distributeur, qui estime que les prix à la consommation devraient encore fortement augmenter cette année, voit toutefois quelques lueurs d'espoir.

"Tout ce qui est alimentaire va continuer à augmenter, par contre à partir de juin, on a en perspective de la papeterie qui va continuer d'augmenter mais beaucoup moins, le prix du papier a atteint son asymptote, constate-t-il. Les transports sont en train de redescendre, aujourd'hui le prix des conteneurs est en train de redescendre et enfin en Chine les fabrications de jouets de grandes marques c'est à prix à peu près stable, ce qui fait bouger les prix à la fin c'est la variation dollar/euro."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco