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Hausse des prix: moins d'achats et moins de grandes marques dans les paniers de courses

Les Français se tournent davantage vers des marques distributeurs mais réduisent aussi tout simplement leurs achats en renonçant à des produits plus chers, comme le poisson, conclut une récente étude.

Face à la hausse des prix des produits du quotidien, les Français achètent moins. Entre janvier et mars, il s'est vendu en France 4 % de moins de produits de grande consommation en volume, d’après une étude Kantar Wordpannel publiée le 26 avril et menée auprès de 20.000 foyers.

En mars, les prix des produits de grande consommation ont grimpé de 1,8%, selon les chiffres de l’institut Circana. En prenant en compte l’inflation qui atteint 16,2% sur un an, acheter les mêmes produits que l’an dernier représenterait en théorie 42 euros de dépenses supplémentaires par ménage. Mais en pratique, les Français ne dépensaient que 10% de plus en moyenne pour se fournir en produits de grande consommation et frais en libre-service en mars, selon Kantar. Preuve que les Français s'adaptent à l'évolution des prix.

"Leurs techniques permettant de subir le moins possible l’augmentation des prix sont légion… Ils prennent des mesures et adaptent leur comportement", affirme Gaëlle Le Floch, directrice Strategic insights de Kantar Worldpanel.

Acheter moins et sauter des repas

Les Français se rendent plus souvent dans les magasins mais y achètent en plus petites quantités, afin de gérer leur budget au plus près, rapporte l’étude. Ils passent à la caisse en moyenne avec 11,6 articles en mars 2023, contre 12,3 en 2022, des courses qui leur coûtent malgré tout plus cher à cause de la hausse des prix. Les visites se font plus fréquentes (8,5 en moyenne en quatre semaines, soit +3,2 %). Au global, les ventes de produits de grande consommation ont baissé de 4% en volume.

Parmi les produits sacrifiés, les produits frais traditionnels (-5,8 %) par exemple. Le rayon poissonnerie est le plus touché, avec 12% d’achats en moins. "Les plats se font plus roboratifs, à base de pâtes, de riz, d’œufs, et contiennent de moins de moins de protéines animales", commente Gaëlle Le Floch, de l’institut Kantar.

"Les repas s’allègent au passage parfois de l’entrée, parfois du fromage ou du dessert, et certains foyers en sont même réduits à devoir zapper plus souvent des repas principaux comme le petit déjeuner, le déjeuner ou le dîner."

Parmi les répondants, les foyers modestes sont les plus touchés par la hausse des prix, car leurs paniers contiennent davantage de premiers prix et de produits essentiels et du quotidien. Or les prix de ces produits ont plus fortement augmenté, de part leur dépendance aux cours des matières premières et de l’énergie.

Les marques distributeurs favorisées

L’analyse confirme aussi la tendance observée depuis plusieurs mois: avec l’inflation, les consommateurs reportent leurs achats vers des marques distributeurs, qui ont gagné 2,5 points de part de marché. Moins de la moitié des foyers affirment désormais accorder "beaucoup d'importance à la marque".

Les ménages se tournent aussi en priorité vers les promotions, 37% d’entre eux déclarant aller dans plusieurs magasins pour profiter des meilleures promos. Les enseignes bénéficiant d’une image de magasin à bas prix, comme Lidl, Aldi ou E. Leclerc, mais aussi les discounters et déstockeurs comme Action et Noz, attirent de nouveaux clients.

Enfin, dans les arbitrages des ménages, la priorité ne semble plus être donnée à la transition alimentaire vers des produits écologiques et locaux. Le bio accuse ainsi un recul de 5% des dépenses au premier trimestre.

Lucie Lequier