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Dans les coulisses de Noz, l'enseigne qui rafle tous les stocks d'entreprises en faillite

Fondée en 1976, Noz vient de clore la plus florissante année de son histoire et ce malgré une concurrence féroce dans le secteur du bazar discount. Découvrez notre reportage exclusif sur cette enseigne de déstockage à la mécanique bien huilée.

Quand une enseigne fait faillite, Noz se frotte les mains. Et en 2023, entre le textile et l'ameublement, le déstockeur a eu de quoi se les frotter. De Made.com à Camaïeu en passant par San Marina, Noz a eu du stock à revendre dans ses 300 magasins.

Un chiffre d'affaires en hausse de 40% (550 millions d'euros en 2023), une vingtaine d'ouvertures de magasins, des ventes très médiatisées... Après deux années précédentes moins flamboyantes marquées par des fermetures de magasins, le roi des déstockeurs vient de clore son exercice le plus fructueux à ce jour.

Un succès qui n'est pas dû au hasard d'une conjoncture favorable, comme nous le révèle le patron de l'enseigne qui ouvert ses portes aux équipes de BFM Business pour un documentaire exclusif.

Malgré la concurrence qui s'est fortement accrue ces dernières années dans le bazar discount, la doyenne Noz fondée il y a 46 ans en Mayenne, conserve son attrait auprès d'une clientèle accro aux bonnes affaires.

Des produits Camaieu en vente chez Noz
Des produits Camaieu en vente chez Noz © BFM BUSINESS

"La presse nous place souvent concurrent à Action, Gifi etc… Qui sont des entreprises de qualité mais qui font du discount, explique Rémy Adrion, le très discret fondateur de Noz et qui à 74 ans continue de diriger le déstockeur.

Nous, ce n’est pas du discount, on ne fait rien fabriquer, nous n’achetons que des stocks et en fin de compte on n’est pas concurrent avec eux. Pas du tout."
Rémy Adrion le patron et fondateur de Noz
Rémy Adrion le patron et fondateur de Noz © BFM BUSINESS

Des fournisseurs dans plus de 40 pays

Avec ses équipes achats et marketing qui travaillent avec 230.000 fournisseurs répartis dans 42 pays du monde, la mécanique Noz est très bien huilée.

Si les stocks de grandes marques en faillite ne représentent au final que 6 à 7% du chiffre d'affaires de Noz, l'enseigne est la plus prompte à s'en saisir.

"Les critères qui nous permettent de remporter ce genre de ventes, sont basés probablement sur le fait d’avoir une capacité importante en termes d'absorptions du nombre de produits, de la volumétrie de ce que représente le stock, explique Sébastien Jaffrès, le responsable de l'équipe d'acheteurs de Noz. Et puis également des capacités financières importantes puisqu’on parle de plusieurs centaines de milliers d'euros voire parfois plusieurs millions d’euros pour pouvoir acquérir un stock."

Un magasin Noz, 2023
Un magasin Noz, 2023 © BFM BUSINESS

Rapidement achetés, les stocks prennent en quelques semaines la direction des magasins qui prennent des atours de caverne d'Alibaba. Un fouillis qui loin de rebuter les clients est même un argument marketing pour le déstockeur.

"La présentation de nos magasins est par nature très difficile à organiser puisque nous ne travaillons qu’avec des queues de lots, des queues de marchandises, reconnaît Rémy Adrion. Donc on est un magasin qui ferme en permanence. Si on regarde les magasins qui ferment, il n’y a quasiment plus rien, des restes. Ils sont désorganisés naturellement et ils sont gérés par date d’arrivage de manière à pouvoir les enlever dans 6 semaines, 6 semaines plus une à -50% et après à retirer les produits pour faire de la place."

Avec toujours plus d'enseignes en souffrance dans les secteurs du non alimentaires, Noz semble encore avoir de belles années devant elle.

Frédéric Bianchi avec Essia Lakhoua