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Carburant: la vente à perte sera "une catastrophe" pour les petites stations rurales

Les stations-service indépendantes s'inquiètent de l'autorisation de la vente à perte des carburants annoncée par le gouvernement.

"Absolument impossible". L'autorisation de la vente à perte des carburants, mesure qui sera effective au début du mois de décembre selon Bruno Le Maire, suscite l'inquiétude des stations-service indépendantes. Ces dernières ne peuvent se permettre de vendre à perte et craignent de ne pouvoir rivaliser avec une telle concurrence. "C'est une catastrophe" pour les petites stations, notamment celles implantées dans les zones rurales, a réagi ce lundi matin Francis Pousse, président de la branche stations-services et énergies nouvelles au syndicat Mobilians, sur BFMTV.

"La marge nette d'une station-service est de 1 à 2 centimes, donc vous comprenez bien que l'on ne peut pas [rivaliser] avec les périodes de prix coûtants et encore moins avec la vente à perte", regrette Francis Pousse.

"Des indemnisations" nécessaires

La vente de carburant représente "entre 20 et 60% de la marge brute" d'une station-service indépendante, note-t-il, et "c'est absolument impossible" pour elle de pratiquer de la vente à perte. Cette mesure va "aggraver" la situation actuelle compliquée des stations-service, surtout "dans les zones rurales", confrontées à l'électrification du parc automobile. Le gouvernement s'est engagé à mettre en œuvre un plan de transition énergétique, mais il "n'est plus besoin que l'on me propose un plan de transition énergétique si on me tue mes stations", assure Francis Pousse.

Le représentant du syndicat Mobilians, qui s'entretiendra avec Bruno Le Maire ce lundi après-midi, "ne voit pas d'autres solutions que de prévoir des indemnisations" pour les petites stations si le gouvernement ne renonce pas à sa mesure. "Il faut engranger la transition énergétique", mais "vous aurez encore besoin de pétrole pendant quelques dizaines d'années" et "si on est plus là pour vendre du pétrole, on ne sera plus là non plus pour vendre des nouveaux produits", assure Francis Pousse, évoquant les bornes électriques et les carburants de synthèse.

"C'est vraiment incompréhensible", réitère-t-il. "On ne peut pas déréguler un marché comme ça […]. Qui sait, un jour, on pourrait demander par exemple qu'on puisse vendre le rôti à perte dans les grandes surfaces. Que vont devenir nos bouchers?"

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV