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Carlos Ghosn: pourquoi il aurait choisi de fuir précipitamment le Japon

La fuite de Carlos Ghosn semble avoir été décidée très rapidement, après une audience le 25 décembre au cours de laquelle les autorités japonaises auraient envisagé un report du procès en septembre 2020.

Passé l’effet de surprise suite à son arrivée à Beyrouth ce lundi, de premiers éléments commencent à apparaître sur les motivations de la fuite de Carlos Ghosn du Japon vers le Liban. L’une des premières raisons ayant motivé ce départ tient dans les conditions de sa libération conditionnelle, et notamment l’impossibilité d’entrer en contact avec son épouse, Carole.

Un seul échange en 8 mois avec son épouse

Depuis sa libération le 25 avril, Carlos Ghosn ne pouvait s’entretenir avec elle qu’après l’accord des juges - un accord que ces derniers lui ont à maintes reprises refusé. Il n’a pu s’entretenir qu’une fois par Skype avec Carole, c’était en novembre pour un peu moins d’une heure. Cet entretien s’était déroulé en présence d’avocats, dont la mission était de retranscrire intégralement la conversation pour les procureurs en charge du dossier.

L’ancien PDG vivait très mal cette situation, selon ses avocats et ses amis. Le réalisateur Francis Ford Coppola s’en était notamment ouvert dans un entretien à BFMTV en août dernier.

"J’ai pu lui parler brièvement par téléphone. Je lui ai dit que ses conditions de vie me préoccupaient, expliquait alors le cinéaste. Et je sais à quel point il aimerait parler à sa femme. Il m’a dit que c’était très difficile à vivre".

Carole Ghosn avait quant à elle quitté le Japon début avril, alors que la justice voulait l’interroger. Elle s’était alors "sentie en danger", avait elle déclaré.

Un calendrier judiciaire incertain

Un second élément expliquerait cette fuite: le calendrier judiciaire qui paraissait très incertain. Un premier procès devait se tenir en avril 2020, concernant les premiers chefs d’inculpation retenus à l'encontre de Carlos Ghosn. Puis dans un second temps, un deuxième procès devait se tenir en septembre, avec les chefs d’inculpation les plus graves, notamment ceux d’abus de confiance.

Or, lors d’une audience le 25 décembre, les autorités japonaises auraient laissé entendre à Carlos Ghosn que ce second volet judiciaire serait reporté.

"Carlos Ghosn redoute de ne pas obtenir un procès équitable au Japon, et surtout il ne sait même pas quand ce procès va intervenir", explique ce matin sur BFMTV Bertille Bayart, journaliste au Figaro, et auteur avec Emmanuel Egloff de Le Piège, enquête sur la chute de Carlos Ghosn.

"Cette notion du temps a certainement joué, et puis au bout de ce procès, il y a la possibilité d’une condamnation, d’une incarcération, donc Carlos Ghosn était coincé au Japon vraisemblablement pour très longtemps, et cela a vraisemblablement joué", poursuit Bertille Bayard.

Carlos Ghosn ne se serait pas vu rester au Japon pour attendre un hypothétique procès pendant pratiquement 10 ans, sans être libre.

Depuis son arrestation à la descente de son jet le 19 novembre 2018, l'ancien patron de Renault a plaidé son innocence dans cette affaire. Ses proches ont eux dénoncé une justice partiale, sans aucune chance de pouvoir réellement s’expliquer face au système judiciaire japonais. Avec ou sans lui, le procès de Carlos Ghosn devrait bien avoir lieu en avril prochain. 

Pauline Ducamp, avec Gaëtane Meslin