BFM Business
Economie

Carlos Ghosn: les conditions mystérieuses de sa fuite du Japon

L’ancien PDG de l’Alliance Renault-Nissan est arrivé ce lundi à Beyrouth au Liban, alors qu’il était assigné à résidence à Tokyo au Japon depuis fin avril. Les conditions qui entourent ce départ restent mystérieuses.

"La manière dont il a quitté le Japon n'est pas claire". C’est en ces termes qu’un responsable libanais a confirmé à l’AFP ce lundi soir l’arrivée de Carlos Ghosn à Beyrouth, au Liban, en provenance du Japon. Et ce mardi matin, les conditions de départ de l’ancien patron de l’Alliance Renault-Nissan, alors qu’il était strictement assigné à résidence à Tokyo depuis fin avril, semblent en effet bien mystérieuses.

Stupeur au Japon

L’information a fuité le 30 décembre en soirée en Europe et au Liban, où la presse a révélé en premier la présence de Carlos Ghosn à Beyrouth. Présence que l’intéressé a depuis confirmée dans un communiqué. Mais au Japon, personne ne semblait être au courant des projets de l’ancien patron de Renault-Nissan, pas même son avocat.

Junichiro Hironaka a ainsi déclaré ce mardi matin aux médias locaux avoir appris le départ de son client "à la télévision". Il affirme par ailleurs n’avoir eu aucun contact avec Carlos Ghosn depuis. Junichiro Hironaka s’est dit "abasourdi" par cette nouvelle. "C’est une surprise totale", a-t-il ajouté, avant de parler d’un acte "inexcusable".

Un départ en toute discrétion

La stupéfaction semble en effet dominer au Japon ce mardi. En pleine période de congés, les Japonais ont découvert le départ surprise de Carlos Ghosn, alors que ce dernier était pourtant étroitement surveillé par la justice, et notamment par l’équipe des procureurs qui enquête sur ses agissements depuis son arrestation le 19 novembre 2018. Des caméras filmaient son lieu de résidence, résidence où il était assigné par la justice japonaise. Les procureurs avaient évoqué la crainte d'une fuite de l’ancien PDG. Quitter le Japon ne semble donc pas faire partie du deal noué entre Carlos Ghosn et la justice japonaise depuis sa sortie de prison le 24 avril dernier.

Les conditions de son départ sont aussi entourées de mystères. Le nom de Carlos Ghosn n’apparaîtrait pas dans les documents de l’immigration japonaise à l’aéroport. Personne ne sait pour le moment comment il a pu sortir de l’archipel. Son avocat a de plus expliqué ce mardi matin qu’il était toujours en possession des passeports de l’ex-dirigeant de l’Alliance Renault-Nissan, rapporte le correspondant de France 24 Constantin Simon sur BFMTV.

En avion privé via la Turquie?

Son trajet comme le calendrier de son voyage jusqu’au Liban restent assez mystérieux, ce voyage aurait été préparé au dernier moment, selon Les Echos. Selon le journal libanais Al-Joumhouriya, Carlos Ghosn aurait transité par la Turquie. Il serait arrivé lundi en avion privé jusqu’à Beyrouth, sous un faux nom, selon la chaîne publique japonaise NHK, précise le site spécialisé Automotive News Europe. Selon Les Echos, il aurait pu partir d'un petit aéroport, et aurait changé d'avion en Turquie pour rejoindre Beyrouth.

"C’est une aventure", a déclaré à l’agence AP Ricardo Karam, un ami de Carlos Ghosn, présentateur de télévision au Liban, sans entrer dans les détails. Le lieu de résidence de Carlos Ghosn au Liban ne semble pas non plus connu pour le moment, ni si sa famille, et sa femme Carole sont avec lui.

Dans le communiqué confirmant sa présence, Carlos Ghosn a expliqué qu’il comptait s’exprimer la semaine prochaine. "Je peux enfin communiquer librement avec les médias", écrit-il.

Pauline Ducamp