BFM Business
Economie

Airbus veut renégocier le prix de la cyber d’Atos

Plusieurs administrateurs refusent aussi d’être actionnaire minoritaire d’Evidian, qui regroupera les activités cybersécurité et digitales d’Atos. Ils sont sous pression du fonds activiste TCI.

Les débats sont animés chez Airbus. Hier, le groupe a tenu un conseil d’administration au cours duquel les négociations avec Atos ont été au cœur des discussions. L’alliance entre les deux groupes est mal partie. Ils étudient depuis un mois un rapprochement dans les activités de cybersécurité et de cloud. L’objectif d’Atos est qu’Airbus rachète 29,9% du capital d’Evidian, la branche d’Atos qui sera créée cet été et logera ces métiers d’avenir des services informatiques.

Mais selon plusieurs sources proches d’Airbus, la direction s’interroge fortement sur l’opération. "Il y a un vrai intérêt pour la cybersécurité mais les conditions d’Atos pour Evidian nous posent problème", résume l’une d’elles.

Plusieurs administrateurs remettent en cause le "prix déraisonnable et la structure de l’opération" demandés par Atos, nous explique un cadre d’Airbus. Après un mois de négociations intenses, Airbus estime qu’Evidian ne vaut pas les 4 milliards d’euros réclamés par Atos alors que le groupe a accumulé de mauvais résultats depuis trois ans.

Airbus veut le contrôle d'Evidian

L’avionneur refuse d’investir 1,2 milliard d’euros sans pouvoir contrôler la société. Selon nos informations, Airbus a même réfléchi à une solution consistant à s’allier avec un partenaire pour racheter 100% d’Evidian et lui revendre ensuite les activités de digitalisation et de cloud informatique.

Des discussions préliminaires ont eu lieu avec le groupe Canadien CGI et le Français One Point qui avait fait une offre de rachat sur cette branche en septembre 2022. Mais Atos n’est pas favorable à revoir le schéma de l’opération. "Nous offrons 29,9% du capital d’Evidian et nous ne céderons pas le contrôle", martèle un proche d’Atos.

Il y a un mois, le fonds activiste The Children’s Investment (TCI) avait mis la pression au directeur général d’Airbus, Guillaume Faury, en déclarant aux Echos que ce projet "ne doit pas se faire quel qu’en soit le prix". Plusieurs administrateurs ont été "émus" par les propos du patron de TCI, Chris Hohn, explique une source proche du groupe.

"Les discussions ne déboucheront que si les conditions sont réunies sur le plan financier, qu'elles permettent de créer de la valeur pour nos actionnaires et qu'elles soutiennent la stratégie d'Airbus dans le digital", abonde un porte-parole d’Airbus.

Si Airbus abandonne, Thales reviendra à la charge

Sous la pression de son actionnaire TCI, Airbus est-il en train de sortir des négociations ou de pousser Atos à revoir ses conditions? "Le périmètre d’Evidian est trop large alors que notre intérêt pour la cybersécurité est partagée par tous les dirigeants d’Airbus", assure un proche du directeur général Guillaume Faury.

Mais chez Atos, pas question de bouger. "Le cadre des négociations est clair, tranche un proche du groupe. Evidian a été construit pour pérenniser les activités d’Atos, on ne va pas commencer à les démanteler".

Un abandon des négociations par Airbus serait un coup dur pour Atos. Le groupe se retrouverait dans un face-à-face avec son rival Thales qui rêve de racheter uniquement sa division cybersécurité depuis deux ans.

Un tel scénario pousserait les actionnaires d’Atos à réclamer un démantèlement du groupe de services informatiques. "Si Airbus abandonne les négociations avec Atos, il faudra les rouvrir avec d’autres acteurs et réfléchir peut-être à un autre périmètre", explique Cyril Charlot, fondateur du fonds Sycomore qui est actionnaire du groupe. La pression est désormais sur Atos.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business