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Culture

Paris: Christie's met à l'honneur la dessinatrice espagnole Ana Mirallès

Ana Mirallès

Ana Mirallès - Copyright Mirallès, 2018

Connue pour sa série Djinn, l’illustratrice espagnole Ana Mirallès a battu des records lors d'une vente organisée chez Christie’s Paris cette semaine.

Une rare illustration de Tintin par le dessinateur belge Hergé a été adjugée 629.000 euros ce jeudi chez Christie's à Paris. Le célèbre reporter n’était cependant pas l'unique star de la soirée. Connue pour sa série Djinn, vendue à plus d'un million d'exemplaires dans le monde, l’illustratrice espagnole Ana Mirallès était mise à l’honneur de cette vente organisée avec la complicité de la galerie parisienne Daniel Maghen.

Seize œuvres étaient proposées aux enchères, dont certaines avaient été créées spécialement par cette dessinatrice spécialisée dans le dessin érotique. Très convoitées par les collectionneurs, les pièces ont toutes été acquises pour la somme de 270.660 euros TTC. Un succès considérable: l’ensemble avait été estimé à 147.000 euros. Une illustration originale de Djinn a notamment atteint lors de la vente la somme de 28.600 euros.

Ana Mirallès compte parmi les artistes de BD les plus cotés du marché. En 2014, lors d'une autre vente Christie’s/Maghen, elle avait décroché son premier record: une couverture de Djinn s’était envolée à 41.480 euros. D'où vient le succès d'Ana Mirallès? S'expliquent-ils par ses illustrations qui s’inspirent de sa célèbre série Djinn et représentent des femmes dénudées?

Ana Mirallès
Ana Mirallès © Copyright Mirallès, 2018

Dessiner les corps nus

"J’espère que ce n’est pas l’unique raison", dit-elle en riant. "Les femmes nues sont nécessaires dans la série, parce que c’est le thème." Dans cette série écrite par le scénariste Jean Dufaux, elle travaille beaucoup sur le caractère et la psychologie des personnages: "C'est important, pour moi, pour dessiner. Je ne peux pas dessiner quelque chose de vide", insiste celle qui est venue "par hasard" à l’érotisme. Concernant le succès de ses illustrations, elle ajoute:

"Une part du public connaît la série depuis ses débuts et s’est vraiment attachée aux personnages. Pendant seize années, la série a été très présente sur le marché. Ce qui les attirent [dans mes illustrations NDLR], c’est qu’il y a un univers créé autour des personnages."

A travers ses illustrations, Ana Mirallès cherche à retranscrire une impression de sérénité et d’équilibre. Elle apporte ainsi un grand soin aux détails - ce qu’elle n’a pas le temps de faire dans ses BD, où elle va à l’essentiel pour éviter de freiner l’histoire: "Dans mes illustrations, je prends beaucoup de plaisir à dessiner non seulement les corps nus et les tatouages, mais aussi les carrelages et les natures mortes", explique-t-elle. Libérée des contraintes de la BD, Ana Mirallès a pu aussi utiliser des couleurs éclatantes dans ses illustrations conçues pour Christie’s:

"J’ai pu enfin mettre du vermillon, qui est une couleur compliquée à reproduire [lors de l'impression des albums de BD]. Je profite de l’expo, parce que l’on ne peut pas apprécier la beauté de ces couleurs ailleurs. J'en avais besoin: je travaille toujours pour trouver une couleur qui passe bien à la reproduction. Je dois toujours faire attention à l'orange, au violet... Le rouge, ça dépend: dans les ombres, ça devient marron... Ici, je fais tout ce que je veux."

DJinn
DJinn © Copyright Dargaud, Dufaux, Mirallès, 2018

Sérénité et équilibre

La dessinatrice s’applique également à restituer avec précision les plis de vêtements sur les corps. Bluffant de réalisme, ses illustrations ont une source d’inspiration commune: son imagination. "Il faut imaginer le personnage nu", affirme-t-elle. "Pour que les habits et les plis tombent bien, il faut bien connaître l’anatomie." C’est aussi avec son imagination, et ses souvenirs de ses études de peinture classique, qu’elle reconstitue les étoffes: "J’aime beaucoup les tissus, la texture. J’essaie de transmettre les textures différentes."

Rare femme parmi les auteurs mis à l’honneur chez Christie’s, Ana Mirallès n’est pas la seule à battre des records chez Christie’s. Une illustration de Lucky Luke réalisée par Morris pour Le Figaro Magazine a été vendue 149.500 euros. Des planches originales de XIII - Lâchez les chiens de William Vance et de La Foire aux immortels d’Enki Bilal ont été respectivement adjugées 33.800 et 44.200 euros. En tout, cette sixième vente Bande Dessinée et Illustration de Christie’s Paris et de la Galerie Maghen a réalisé le score de 2.599.800 euros.

Ana Mirallès
Ana Mirallès © Romuald Meigneux
Jérôme Lachasse