Pour élargir son public, Sorare va autoriser les paiements en euros, en plus des cryptos

La licorne française spécialisée dans les NFT représentant des joueurs cherche à élargir sa base. Le changement, qui devrait doper sa croissance, marque cependant un changement de politique surprenant.

La jeune pousse Sorare fait sauter un verrou pour croître plus vite. L'entreprise spécialisée dans les NFT à l'image de sportifs proposait jusqu'à présent uniquement à ses clients de régler en cryptomonnaies. Mais, pour rendre leur service "accessible à tous", les dirigeants de la licorne française ouvrent le paiement en devises classiques: euro, dollar, livre, etc.

Ce "cash wallet" va être mis à disposition des utilisateurs dès le "début" de ce mois d'août, anticipant la reprise des championnats européens de football. Pour cette nouvelle technologie, Sorare s'est allié à la fintech Mangopay, qui gère les paiement en lignes pour diverses plateformes, notamment Rakuten ou La Redoute.

Mais pourquoi une start-up native de l'écosystème Web3 va-t-elle s'aventurer dans des pratiques si conventionnelles? Pour s'ouvrir à de nouveaux horizons. L'entreprise fondée en 2018 revendique cinq millions d'utilisateurs. Mais pour continuer de croître, elle entend s'adresser à cette manne potentielle de personnes réticentes à l'idée d'utiliser des cryptomonnaies - en l'occurrence de l'ethereum.

Une "friction pour les fans de sport"

Auprès des Échos, Nicolas Julia, le PDG de Sorare reconnaît que le seul repos sur cette technologie "devenait une friction pour les fans de sport". En clair, la base d'utilisateurs à la fois convaincus par les NFT et prêts à s'ouvrir aux cryptos n'était pas suffisamment large pour un développement massif et durable.

Bien que l'entreprise aille légèrement jurer avec ses principes, elle ne les renie pas pour autant:

"Nous restons fidèles aux fondamentaux du Web3 et à sa technologie, la propriété numérique, la sécurité garantie par la blockchain, la possibilité d'échange, etc. L'idée, c'est de profiter des bénéfices de cet écosystème sans les craintes associées", détaille le PDG.

Il faut également relever que ce changement se fait dans un contexte bien particulier, celui d'une baisse d'engouement pour les NFT, et une forte volatilité du marché des cryptos actifs de manière générale. La start-up voit bien une "crise de confiance" dans les NFT, mais assure pouvoir accélérer sa croissance en dépit de la conjecture. D'autres initiatives devraient être prochainement révélées.

Tom Kerkour