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La société Circle est-elle à l'origine de l'affaire sur le BUSD de Binance?

L'an dernier, la société émettrice du deuxième plus gros stablecoin du marché, l'USDC, avait déjà exprimé des doutes sur les réserves de stablecoins BUSD de Binance.

Les tirs partent dans tous les sens. En novembre, Binance avait mis en question la santé financière de son rival FTX, créant une pression sur le marché avant l'effondrement de ce dernier. Cette fois, c'est au tour du géant Circle de mettre en doute le modèle de Binance.

La société, qui émet le deuxième plus gros stablecoin du marché (l'USDC), pourrait en effet être à l’origine de cette affaire sur le stablecoin concurrent BUSD de Binance émis par la société Paxos. Selon Bloomberg, Circle a déposé une plainte auprès du régulateur américain à l’automne dernier, doutant de la gestion des réserves du BUSD par Binance.

Pour rappel, un stablecoin (ou cryptomonnaie stable) est un crypto-actif (ou actif numérique) qui est arrimé à une monnaie fidiciaire comme l'euro ou le dollar. Un stablecoin peut aussi être adossé à d'autres actifs (comme par l'exemple l'or). Ici, le BUSD est un stablecoin censé suivre le cours du dollar américain.

Un trou de 1 milliard de dollars

Pour aider les clients qui font du trading ou d'autres opérations, Binance peut émettre des jetons synthétiques de cryptomonnaies ou stablecoins, appelés "Binance-peg" ou "B-Tokens", afin de les rendre utilisables sur une autre blockchain que leur blockchain originelle. Ces jetons synthétiques doivent être égaux à la quantité en collatéral (la garantie) déposée par les clients sur une blockchain originelle, afin d'assurer le ratio 1 pour 1. Ainsi on a par exemple 1 B-Token bitcoin pour 1 bitcoin, 1 Binance-peg BUSD pour 1 BUSD, etc.

Or, ce modèle n'a visiblement pas toujours bien fonctionné. Mi-janvier, Binance a admis que les réserves de son jeton synthétique du BUSD avaient été "sous-collatéralisées" à quelques reprises entre 2020 et 2021, "conduisant à plus d'un milliard de dollars de garanties manquantes". Depuis cet aveu, Binance aurait réglé la situation. Sur son site, la société indique que le ratio du BUSD est de 119%, impliquant que son offre est largement supérieure à la demande des utilisateurs.

Mais les données fournies par Binance ne semblent pas être suffisantes aux yeux du régulateur américain. Lundi, le département des services financiers de New York (le NYDFS) a ordonné à la société Paxos de cesser d'émettre le BUSD "à la suite de plusieurs problèmes non résolus liés à la surveillance par Paxos de sa relation avec Binance", sans donner plus de précisions. Dans ce contexte, Binance a fait face à des retraits massifs du stablecoin BUSD de sa plateforme en l'espace de 24 heures, alors que l'arrêt de l'émission de ce stablecoin est acté au 21 février. Ces retraits pourraient porter un coup dur à la plateforme d'échanges, et plus largement à tout l'écosystème crypto.

Vers la fin de la montée en puissance du BUSD?

En effet, depuis quelques mois, Binance entretient une relation singulière avec le BUSD, visant à le faire monter en puissance. Depuis fin septembre, les stablecoins USDC, USDP et USDT des clients de Binance ont par exemple été automatiquement convertis en BUSD. Une décision qui a fait de l'ombre à la société Circle et à son stablecoin USDC, qui n'est plus listé sur la plus grosse plateforme d'échanges crypto au monde.

Aujourd'hui, le BUSD reste le troisième plus gros stablecoin en termes de capitalisation (15 milliards de dollars), face à ses rivaux l'USDC (41 milliard de dollars de capitalisation) de Circle et l'USDT (69 milliards de dollars de capitalisation) de Tether. Selon les données de DefiLlama, Binance détient environ 13,3 milliards de dollars de BUSD, soit 18% de ses actifs (environ 70 milliards de dollars) au moment de l'écriture de ce papier.

Le stablecoin est par ailleurs le troisième actif le plus détenu par la plateforme, après le jeton natif de Binance, le BNB (17,7 milliards) et le stablecoin USDT (15,05 milliards). Par conséquent, une poursuite des retraits massifs de ce jeton pourrait bien faire tanguer la plateforme d'échanges.

Pauline Armandet