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Pourquoi la fin du stablecoin BUSD fragilise Binance et pourrait secouer tout l'écosystème

Face à la pression du régulateur américain, les investisseurs ont massivement retiré le BUSD de Binance en l'espace de 24 heures. Or ce stablecoin constitue 18% des réserves du géant des cryptomonnaies.

Nouveau coup de pression pour Binance. Le géant des cryptomonnaies connait une hausse des retraits du stablecoin Binance USD (BUSD) de sa plateforme, depuis que la société émettrice de ce stablecoin, Paxos, a reçu l'ordre du régulateur américain de ne plus émettre ce jeton. Selon les données de la plateforme spécialisée Nansen, Binance a enregistré 788 millions de sorties nettes du BUSD de sa plateforme en l'espace de 24 heures, résultant de sorties de 2,7 milliards de dollars contre 1,97 milliard de dollars d'entrées.

"Il s'agit de la plus importante sortie nette en 24 heures depuis le 17 décembre, lorsque les audits de preuve de réserve de Binance ont été retirés du site web de l'auditeur Mazars", rapporte Cointelegraph.

La liquidation de plus d'un milliard de dollars sur la plateforme en l'espace de 12 heures a été "gérée avec facilité", déclare toutefois un porte-parole de Binance. "Nous prenons notre responsabilité en tant que dépositaire sérieux et maintenons une sauvegarde 1:1 pour chaque actif utilisateur", a ajouté ce dernier.

Secousses attendues

Pour autant, cette situation pourrait bien secouer la première plateforme d'échanges mondiale de cryptomonnaies, et par là même tout l'écosystème. Pour rappel, un stablecoin (ou cryptomonnaie stable) est un crypto-actif (ou actif numérique) qui est arrimé à une monnaie fidiciaire comme l'euro ou le dollar. Un stablecoin peut aussi être adossé à d'autres actifs (comme par l'exemple l'or). Ici, le BUSD est un stablecoin garanti par le dollar américain (USD).

Selon Coinmarketcap, le BUSD est le troisième plus gros stablecoin en terme de valorisation, avec 15 milliards de dollars ce mardi, contre un peu plus de 16 milliard la veille. Selon les données de DefiLlama, Binance détient environ 13,3 milliards de dollars de BUSD, soit 18% de ses actifs (environ 70 milliards de dollars) au moment de l'écriture de ce papier. Le stablecoin est par ailleurs le troisième actif le plus détenu par la plateforme, après le jeton natif de Binance, le BNB (17,7 milliards) et le stablecoin USDT (15,05 milliards). Par conséquent, une poursuite des retraits massifs de ce jeton pourrait bien faire tanguer la plateforme d'échanges.

"Conséquences importantes"

Pour rappel, lundi, le département des services financiers de New York (NYDFS) a ordonné à la société Paxos de cesser d'émettre le BUSD "à la suite de plusieurs problèmes non résolus liés à la surveillance par Paxos de sa relation avec Binance", sans donner plus de précisions.

Selon le Wall Street Journal, le gendarme boursier américain (la SEC) considère que le BUSD devrait être considéré comme un titre financier, devant ainsi être enregistré en tant que tel par la société.

"Si le BUSD est considéré comme un titre par les tribunaux, cela aura des conséquences importantes sur la façon dont le secteur des cryptomonnaies va se développer (ou ne pas se développer) dans les juridictions concernées", a déclaré sur Twitter le patron de Binance, Changpeng Zao (CZ).

CZ reconnaît donc que la décision de la SEC aura un impact sur l'écosystème. Paxos a annoncé qu'elle cesserait d'émettre ce stablecoin dès le 21 février. Pour autant, le BUSD restera "entièrement soutenu par Paxos et remboursable aux clients au moins jusqu'en février 2024", a déclaré lundi la société.

"Les clients de Paxos, nouveaux et existants, pourront racheter leurs fonds en dollars américains ou convertir leurs jetons BUSD en Pax Dollar (USDP), un stablecoin réglementé adossé au dollar américain, également émis par Paxos Trust", peut-on lire.

CZ a déclaré que la décision du régulateur américain aurait pour conséquence de faire "diminuer la capitalisation boursière du BUSD", prévoyant que ses clients migreront vers d'autres stablecoins "avec le temps".

Selon les révélations de Bloomberg de dernière minute, la société Circle émettrice du deuxième plus gros stablecoin, l'USDC, pourrait être à l'origine de cette affaire sur le BUSD de Binance.

Pauline Armandet