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Une étude de Cambridge pointe du doigt les sources d'énergie des mineurs de bitcoins

L’Université de Cambridge a publié ce mardi une étude sur l'impact environnemental du bitcoin qui risque de faire du bruit au sein de l’écosystème.

A l’heure où le dérèglement climatique est en marche, la question de l’impact environnemental du bitcoin continue de diviser. Il y a le camps de ceux qui accusent la reine des cryptomonnaies de contribuer au réchauffement climatique à travers le processus dit de "minage" et les partisans du bitcoin qui considèrent, à l’inverse, que l’actif serait une solution pour lutter contre le réchauffement climatique.

"En observant les arguments des deux camps, certaines affirmations semblent plutôt farfelues et fondées sur des simplifications excessives, tandis que d'autres reposent sur des informations insuffisantes", considère l’Université de Cambridge dans une étude publiée ce mardi.

A ce jour, chaque nouveau bitcoin mis en circulation sur la blockchain a un impact sur la planète. Car les bitcoins sont créés dans des lieux appelés "fermes de minage" grâce à la puissance de calcul de nombreuses machines et ordinateurs. Or, faire tourner toutes ces machines nécessite énormément d'électricité. Face à ce constat, de plus en plus de fermes de minages dites "vertes" émergent en utilisant des énergies vertes.

"92% des émissions ont eu lieu depuis 2018"

Depuis 2019, l'Université de Cambridge scrute les données relatives au minage de bitcoin afin de comprendre son impact sur la planète, affinant ses recherches au fil de l’évolution de cette industrie. Sa nouvelle étude indique qu'environ 199,65 MtCO2e (millions de tonnes d'équivalent CO2) peuvent à ce jour être attribuées au réseau Bitcoin depuis sa création.

"Il convient de noter qu'environ 92% des émissions ont eu lieu depuis 2018", souligne l’étude. Si les émissions de gaz à effet de serre augmentent chaque année depuis 2011, l’année 2022 fait exception avec une baisse de ces émissions (48,35 MtCO2e du 1er janvier au 21 septembre, contre 56,29 MtCO2e sur la même période en 2021) qui s’expliquerait par la diminution de la rentabilité de l’exploitation minière.

0,10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre

Ces 48,35 MtCO2 représentent environ 0,10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre qui serait similaire aux émissions d'un pays comme le Népal ou la République centrafricaine, souligne Cambridge.

Par ailleurs, l’étude met à mal un chiffre issu des données du Bitcoin Mining Council, un conseil des mineurs de Bitcoin, selon lequel 58,4% des mineurs utiliseraient un mix énergétique renouvelable en 2022, bien qu'il existe des différences entre certains pays et certaines sociétés.

"En observant le mois le plus récent disponible (janvier 2022), il a été constaté que le charbon était la plus grande source d'énergie unique avec une part de 36,6% et que l'hydroélectricité était la plus grande source d'énergie durable avec une part de 14,9%. Dans l'ensemble, les résultats montrent que les combustibles fossiles représentent près des deux tiers du mix électrique total (62,4%) et les sources d'énergie durables 37,6% (dont 26,3% d'énergies renouvelables et 11,3% de nucléaire)", souligne l’étude.

Comme l'on pouvait s'y attendre, l'étude de Cambridge n'est pas bien acceuillie par l'industrie du minage qui promeut un minage vert.

"Cambridge continue à vouloir déterminer la part du renouvelables et la part du carboné dans le mining. Mais vu que Cambridge n’a aucune idée d’où sont les machines, ça lui fait raconter des bêtises, et ce depuis des années. Ainsi, la prestigieuse université a déterminé que l’Allemagne ou l’Irlande avaient chacune 3% du mining mondial l’année dernière. Et que le Canada pesait 3 fois moins que chacun de ces 2 pays leaders. Cambridge sait que son étude n’a aucune chance d’être cohérente, mais continue à nous la servir comme si de rien n’était. C’est à la limite du scandale, non?", considère Sébastien Gouspillou, patron de la société de mining vert BigBlock Datacenter.

"Un réseau à émission zéro"

Une récente étude de la société Batcoinz s'est aussi penchée récemment sur l'impact environnemental du bitcoin. En prenant en compte la part du réseau avec un bilan carbone neutre (58%) et la part du réseau avec un un bilan carbone négatif (4%), les émissions du réseau Bitcoin ont été réduites de 62% en 2022 ou dit autrement, 62% du réseau de production de bitcoins est désormais "zéro émission".

"Il est vraiment important de mesurer la quantité de sources d'énergie à émission de carbone négative, car cela nous aide à prévoir le moment où l'ensemble du réseau Bitcoin deviendra un réseau à émission zéro", souligne l'étude.

Selon cette étude, le réseau Bitcoin deviendrait de plus en plus neutre en carbone en brûlant du méthane résiduel pour miner du bitcoin, "qui aurait autrement été rejeté dans l'atmosphère".

En effet, dans l'industrie pétrolière et gazière, il est nécessaire pour des raisons techniques et de sécurité de faire brûler du gaz pour faire fonctionner la production. C'est ce qu'on appelle le torchage du gaz naturel. Mais cela pose deux problèmes: l'énergie ainsi produite ne sert à rien et le processus n'élimine pas parfaitement le méthane présent avec le gaz. Or, le méthane est un gaz à effet de serre avec beaucoup plus d'impact sur l'atmosphère que le dioxyde de carbone. C'est là où les mineurs de bitcoins interviennent. Il s'agit de se servir de surplus d'énergie qui n'étaient pas valorisés jusqu'ici.

Par ailleurs, si le gaz récupéré en question est toujours brûlé, le processus n'émet "que" du CO2 et permet de stopper les fuites de méthane dans l'atmosphère. Et donc de diminuer globalement les émissions de méthane sur la planète. Ce qui permet alors au secteur d'afficher un bilan carbone "négatif" (qui réduit les émissions de CO2 par rapport à la situation actuelle).

Pauline Armandet