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Le réseau Bitcoin pourrait devenir un réseau "zéro émission carbone"

C'est ce qu'affirme l'entrepreneur Daniel Batten dans une étude qui souligne que 62% du réseau Bitcoin serait déjà "zéro émission".

Chaque nouveau bitcoin mis en circulation sur la blockchain a un impact sur la planète. Car les bitcoins sont créés dans des lieux appelés "fermes de minage" grâce à la puissance de calcul de nombreuses machines et ordinateurs. Or, faire tourner toutes ces machines nécessite énormément d'électricité. Selon les chiffres du Cambridge Bitcoin Electricity Network, le bitcoin représenterait 23% de la consommation électrique des data centers, soit environ 153 térawatts-heure par an. Face à ce constat, de plus en plus de fermes de minages dites "vertes" émergent en utilisant des énergies vertes et autres initiatives.

Jusqu'à présent, un chiffre permettait de comprendre ce que fait l'industrie dans ce domaine. Selon les données du Bitcoin Mining Council, un conseil des mineurs de Bitcoin, 58,4% des mineurs utiliseraient un mix énergétique renouvelable en 2022, bien qu'il existe des différences entre certains pays et certaines sociétés. Selon le rapport, 44 entreprises du secteur, qui représente 50% de la production totale, font de plus en plus appel aux énergies vertes pour miner des cryptomonnaies.

Mais l'entrepreneur Daniel Batten (et pro-bitcoin), à la tête de la société Batcoinz, a voulu aller plus loin en prenant en compte également les autres mécanismes de compensation pour les émissions de CO2.

"Le Bitcoin Mining Council a quantifié la partie neutre en carbone du réseau Bitcoin depuis plus de 18 mois. Ce qui n'a pas encore été quantifié, et qui revêt une importance croissante, est l'impact que le nombre croissant d'opérateurs miniers utilisant des sources d'énergie neutres en carbone a sur l'ensemble du réseau Bitcoin. Cet article est une première tentative de quantification", explique ce dernier dans une récente étude.

"Un réseau à émission zéro"

"Il est vraiment important de mesurer la quantité de sources d'énergie à émission de carbone négative, car cela nous aide à prévoir le moment où l'ensemble du réseau Bitcoin deviendra un réseau à émission zéro", souligne l'étude.

Pour ce dernier, le réseau Bitcoin deviendrait de plus en plus neutre en carbone en brûlant du méthane résiduel pour miner du bitcoin, "qui aurait autrement été rejeté dans l'atmosphère". En effet, dans l'industrie pétrolière et gazière, il est nécessaire pour des raisons techniques et de sécurité de faire brûler du gaz pour faire fonctionner la production. C'est ce qu'on appelle le torchage du gaz naturel. Mais cela pose deux problèmes: l'énergie ainsi produite ne sert à rien et le processus n'élimine pas parfaitement le méthane présent avec le gaz. Or, le méthane est un gaz à effet de serre avec beaucoup plus d'impact sur l'atmosphère que le dioxyde de carbone. C'est là où les mineurs de bitcoins interviennent. Il s'agit de se servir de surplus d'énergie qui n'étaient pas valorisés jusqu'ici. Par ailleurs, si le gaz récupéré en question est toujours brûlé, le processus n'émet "que" du CO2 et permet de stopper les fuites de méthane dans l'atmosphère. Et donc de diminuer globalement les émissions de méthane sur la planète. Ce qui permet alors au secteur d'afficher un bilan carbone "négatif" (qui réduit les émissions de CO2 par rapport à la situation actuelle).

Selon l'étude de Batcoinz, en prenant en compte la part du réseau avec un bilan carbone neutre (58%) et la part du réseau avec un un bilan carbone négatif (4%), les émissions du réseau Bitcoin ont été réduites de 62% en 2022. Ou dit autrement, 62% du réseau de production de bitcoins est désormais "zéro émission".

Un chiffre qui est en hausse de 41% depuis mars 2021 et désormais 4,2% de la production arriverait à avoir un bilan carbone négatif.

Daniel Batten s'est exprimé à ce sujet lors du Surfin' Bitcoin, l'évènement qui s'est déroulé à Biarritz de jeudi à samedi.


Pour réaliser cette étude, Daniel Batten explique s'être appuyé sur des informations publiques sur les fermes de minages brûlant du méthane. Il a supposé qu'elles "utilisaient du gaz naturel précédemment brûlé à la torche et que l'efficacité du brûlage était de 92%." Autrement dit, il a considéré que le torchage de gaz laisse s'échapper dans l'atmosphère 8% du méthane en moyenne.

"Nous avons ensuite calculé la quantité d'émissions de carbone qui aurait été émise si le gaz avait été brûlé à la torche, et nous avons soustrait les émissions nettes de carbone créées par la combustion (du gaz par les mineurs de bitcoins, NDLR) pour obtenir un chiffre de réduction nette de carbone, en utilisant le PRG (potentiel de réchauffement global) du méthane sur 20 ans de 84 (parce que le méthane est un gaz à effet de serre 84x plus puissant que le CO2 sur une période de 20 ans)", souligne la méthodologie de l'étude.

Plus largement, ces derniers mois, on a vu énormément de progrès qui ont été faits en matière de production des bitcoins pour qu’elle soit moins gourmande en énergie. La facture électrique est d'ailleurs un des paramètres importants de fixation des prix des cryptomonnaies et de la rentabilité du minage. Il y a eu aussi d’énormes progrès en matière de production décarbonée hors réseau, via entre autre la fameuse ferme solaire qu'Elon Musk, le patron de Tesla, et Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, ont conçu il y a un peu plus d‘un an.

Mais ce n’est pas tout. On a assisté, après énormément de nouvelles régulations très restrictives dans beaucoup de pays dont la Chine notamment, à une migration de l’appareil de production des bitcoins vers des pays au mix énergétique beaucoup plus vert, comme aux Etats-Unis.

Mais aussi vers des pays d'Afrique (Congo, Kenya, Rwanda...) qui d’entrée de jeu, associent le bitcoin et le développement durable, via notamment des fermes de minage alimentées par la biomasse, utilisant le méthane issu de la décomposition des déchets, des végétaux et de l’élevage animal. Ce qui permet au bitcoin de réduire considérablement son impact sur la planète en termes d'émissions de CO2.

Antoine Larigaudrie et Pauline Armandet