Le bitcoin traverse une phase de turbulences et perd 10% sur une semaine

La reine des cryptomonnaies a perdu 4% de sa valeur en l'espace d'un jour et 10% sur une semaine.

Petite forme pour la reine des cryptomonnaies. Ce vendredi, le bitcoin s'échange à 10h15 sous les 28.000 dollars, perdant 4% en l'espace d'un jour. En une semaine, c'est la douche froide: l'actif a perdu 10% de sa valeur, alors qu'il s'échangeait auparavant au-dessus des 30.000 dollars lui permettant de revenir à ses niveaux de la mi-juin. Dans sa chute, le bitcoin a entraîné l'ensemble du marché des cryptomonnaies, dont l'ether, qui est repassé sous les 2.000 dollars alors que la cryptomonnaie avait gagné en intérêt à la suite de la mise à jour "Shanghai".

Comment expliquer une telle chute? D'une part, il y a quelques facteurs de circonstances au niveau macroéconomique, comme la publication cette semaine des chiffres de l’inflation britannique plus forts que prévus et un dollar qui a nettement repris des couleurs. Mais plusieurs évènements au sein-même du marché crypto inquiètent aussi les investisseurs. Mercredi, le marché a fait face à une grosse position vendeuse sur le bitcoin, de 16.000 bitcoins, soit environ 470 millions de dollars au cours actuel, un évènement renforçant la méfiance du secteur.

Menace des Etats-Unis

Par ailleurs, depuis la chute du géant FTX mi-novembre, les régulateurs internationaux font grimper d'un cran la pression sur l'écosystème. Fin mars, l'autorité américaine de régulation des produits financiers dérivés, la CFTC, avait saisi la justice contre la plus importante plateforme d'échanges de cryptomonnaies au monde, Binance, ainsi que son patron Changpeng Zhao, accusés d'avoir contourné volontairement la réglementation américaine.

C'est au tour de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain, de faire parler d'elle.

Lundi, le régulateur a accusé la plateforme crypto Bittrex d’avoir exploité "une bourse, un courtier et une agence de compensation non enregistrés". Le lendemain, devant la chambre des représentants, Gary Gensler, le patron de la SEC, s'est montré très critique à l'égard du secteur crypto.

"Je n'ai jamais vu de secteur aussi peu respectueux des lois passées par le Congrès et des décisions prises par la justice", a-t-il déclaré.

Dans le même temps, le patron de Coinbase, Brian Armstrong, a émis l'idée d'un départ de sa plateforme des Etats-Unis, une décision qui pourrait être à l'origine des bouleversements sur le bitcoin.

"Si Coinbase, qui est la plus grosse plateforme crypto aux Etats-Unis, quitte le pays, il y a de bonnes chances que de nombreux traders quittent le marché, mal à l’aise face aux plateformes décentralisées ou non régulées par les Etats-Unis. Cela réduirait de fait significativement la taille du marché des cryptomonnaies, ce qui explique l’impact baissier sur le bitcoin", précise Investing.

L'Europe avance

Enfin, ce jeudi, l'Europe a définitivement adopté deux règlementations (MiCA, pour Market in crypto assets, et TFR) visant à encadrer le secteur crypto. En effet, jusqu'à présent, il n'existait aucune règlementation commune encadrant le secteur cryto, chaque pays décidant d'avoir des règles plus ou moins strictes à l'égard de l'écosystème. Cela a permis à certaines crypto sociétés d'opérer sans aucun contrôle, au détriment des utilisateurs. En 2022, de nombreux investisseurs en ont d'ailleurs fait les frais, avec les effondrement de l'écosystème Terra Luna ou encore la faillite de FTX.

Désormais avec MiCA, les fournisseurs de services de crypto-actifs (CASP), aussi appelés PSAN (prestataires de services sur actifs numériques) en France, seront soumis à des contraintes plus fortes qu'aujourd'hui. De même, l'Europe a décidé d'agir contre les "flux illicites" de cryptomonnaies, qui passent sous ses radards.

La refonte du TFR "obligera les fournisseurs de services de crypto-actifs à détecter et à stopper les flux criminels de crypto-monnaies et garantira également que toutes les catégories de sociétés de crypto-monnaies sont soumises à l'ensemble des obligations en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux", a déclaré l'eurodéputé Ernest Urtasun.

Quatorze ans après la création de cette cryptomonnaie, sa volatilité reste importante même si l'actif a subi, depuis sa création, des chutes bien plus spectaculaires.

Pauline Armandet