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La flambée du bitcoin "réduit son attrait pour l'utiliser comme monnaie" selon un économiste

C'est ce qu'estime Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès, alors que la reine des cryptomonnaies a franchi le seuil symbolique des 60.000 dollars.

Tout le monde ne voit pas d'un très bon œil la flambée du bitcoin. Dans une tribune intitulée "Le bitcoin s'envole et alors?", Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès, n'y va pas par quatre chemins sur la reine des cryptomonnaies. Pour lui, l'évolution du cours du bitcoin n'a pas d'impact sur l'économie réelle... car il ne concerne en réalité que le microcosme des spéculateurs.

Le bitcoin est "un actif (et non une monnaie) utilisé à des fins purement spéculatives et qui n’est pas utilisé dans la vie quotidienne des ménages et des entreprises. De ce fait, ses fluctuations n’ont pas d’impact sur les variables macro-économiques (croissance, chômage, inflation par exemple)", peut-on lire. "Que le bitcoin vaille 1 dollar ou 1 million de dollars n’a donc d’importance que pour les spéculateurs qui en détiennent, qui voient leur patrimoine augmenter ou fondre en fonction des fluctuations du cours", ajoute l'économiste.

"Réduit son attrait"

Le bitcoin a dépassé le seuil des 60.000 dollars ce mercredi 28 février. L'économiste s'inquiète d'ailleurs de l'institutionnalisation du bitcoin en raison de l'arrivée des ETF bitcoin spot mi-janvier, qui ont boosté son cours.

"L’envolée de son prix réduit même son attrait pour l’utiliser comme monnaie, puisque l’intérêt d’une monnaie réside pour partie dans la stabilité et la prévisibilité de sa valeur future. Il est peu probable que le bitcoin remplace les monnaies actuelles car il n’apporte pas d’innovation utile par rapport aux moyens de paiement existants", peut-on lire.

Dans la même veine, la semaine dernière, la Banque Centrale Européenne (BCE) indiquait dans une tribune que le bitcoin n'est "pratiquement pas utilisé pour les paiements." Pourtant, aujourd'hui, le bitcoin n'est pas qu'un objet de spéculation. En effet, le bitcoin est déjà utilisé pour payer, son utilisation variant d'un utilisateur à l'autre en fonction de ses besoins (car il ne dispose pas d'un compte bancaire, car il veut protéger sa vie privée ou transférer de la valeur dans un autre pays, etc.), mais aussi en fonction de certains pays.

Si certains pays interdisent l'utilisation du bitcoin, notamment en Algérie, au Maroc ou en Chine, d'autres lui reconnaissent une utilité. Le Salvador a ainsi adopté le bitcoin comme monnaie légale en septembre 2021. Si la population l'utilise partiellement, le dollar reste la monnaie de référence sur place. Au début de l'année 2024, la barre des 10.000 commerçants dans le monde acceptant le bitcoin a été franchie, selon les données du site spécialisé BTC Map. Enfin, on constate une augmentation du recours à des cartes de paiements cryptos qui permettent de payer n'importe quel service en France avec ses cryptomonnaies (dont le bitcoin).

Flambée des cours

Deux facteurs expliquent l'envolée de ces derniers mois du bitcoin. D'une part, le gendarme boursier américain (la SEC) a autorisé le 10 janvier dernier 11 ETF bitcoin spot, proposés notamment par des gestionnaires d'actifs comme Blackrock et Fidelity. Depuis, les investisseurs se ruent sur ces nouveaux produits. Un ETF (ou Exchange Traded Funds) est un fonds indiciel se négociant en Bourse qui suit l'évolution d'un indice boursier (ou d'un ou de plusieurs actifs financiers ou physiques, comme l'or) en répliquant la hausse comme la baisse du cours de cet indice (ou de ces actifs).

Par ailleurs, certains investisseurs anticipent un évènement qui aura lieu le 19 avril prochain: le "halving" du bitcoin. Cet évènement consiste en la réduction de moitié, tous les 4 ans, du nombre de nouveaux bitcoins mis en circulation sur le marché (comme récompenses aux mineurs qui valident les transactions). Au cours des trois derniers halving, une réduction de l'offre disponible de nouveaux bitcoins a fait augmenter la valeur de l'actif. Certains experts anticipent une nouvelle hausse de l’actif après avril 2024.

Pauline Armandet