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Clichés, critiques, moqueries… Comment parler du bitcoin en famille à Noël

Après avoir repris des couleurs en 2023, le bitcoin pourrait faire l'objet de questionnements à Noël. Comment aborder la reine des cryptos en famille? BFM Crypto a sondé des bitcoiners.

Alors que le cours du bitcoin a bondi en 2023, la reine des cryptos pourrait faire l'objet de questionnements à Noël. Si parler d'argent en famille peut être tabou en France, parler du bitcoin semble périlleux, la reine des cryptomonnaies faisant toujours l’objet de nombreux clichés. Récemment, un YouTuber crypto français a ironisé sur une famille interrogeant un investisseur crypto lors d'un repas de famille. Il n'est pas rare d'être questionné sur cette monnaie magique d'internet qui rendrait millionnaire.

"Pire moment pour évoquer son trading"

Comment parler du bitcoin lors d'une fête de famille? Certains bitcoiners peuvent se sentir seuls. "J’évite d’en parler mais effectivement dans une famille qui n’a jamais franchi le pas d’un achat, c’est compliqué", glisse un mineur de bitcoins connu sous le nom de Slashbin.

Pour d'autres, le sujet est souvent abordé, "même si ce n'est pas tous les Noël non plus. Il est plus facile d'en parler à des amis ou collègues qu'en famille", explique Renaud, un bitcoiner de longue date préférant rester anonyme. "Nous sommes une famille d’intellos et la fête de Noël y serait vue comme le pire moment pour évoquer son trading ou ses problèmes fiscaux", confie de son côté Jacques Favier, expert du bitcoin et auteur de Bitcoin, la monnaie acéphale.

"C’est une famille joyeuse et qui manie l’humour. Chacun y sait qui je suis, ce que je fais. Donc on peut en rire: quand ça baisse, 'on est là pour la tech', me rappellent mes enfants", ajoute ce dernier.

Une fois le sujet abordé, l'idée est surtout de déconstruire certains clichés sur le bitcoin. Un reproche permanent fait à la reine des cryptomonnaies porte sur son aspect énergivore, en raison des fermes de minages consommatrices d'énergie. "J'explique que c'est l'industrie mondiale la plus propre et la plus utilisatrice d'énergies renouvelables, qu'elle finance même la construction de centrales d'énergie renouvelables dans les zones reculées", pointe Renaud.

Cette année, certains bitcoiners pourront aussi être interrogés sur un sujet sensible. Le bitcoin aurait des racines idéologiques proches de l'extrême-droite a pointé Nastasia Hadjadji dans son récent ouvrage No Crypto. Comment le Bitcoin a envoûté la planète. "L’agitation induite par ce livre peut créer (indépendamment du cours) un point nouveau dans la conversation cette année", estime Jacques Favier.

"Il y a un risque d’être traité de nazillon par la cousine exaltée: c’est peut-être la chose à préparer pour le repas de cette année, pour situer les enjeux politiques de bitcoin dans une perspective cohérente avec les convictions que l’on affirme par ailleurs."

Certains membres de la famille sont plus réceptifs que d'autres: les plus jeunes. "Il est bien plus facile d'en parler avec ma soeur et mes cousins et cousines qu'avec mes parents, en encore davantage qu'avec mes grands-parents", indique Renaud. Ces derniers demeurent très sceptiques sur le sujet, reprochant aux cryptomonnaies leur manque de matérialité et d'usages. Ceux "qui n’ont pas un sou" sont plus attentifs à la parole de Slashbin. "Ma famille n’a pas d'argent, et comme tous les sujets qui pourraient changer les convictions, il y a une chape de plomb, autour. Moi je l’aborde avec aisance et explique à chacun quand il faut acheter, mais personne n’en veut", précise-t-il.

Les bitcoiners n’essaient pas tous d’"orange pill" (faire avaler la pilule du bitcoin, dans le jargon crypto, NDLR) leurs proches.

"Je ne suis pas favorable aux démarches trop insistantes des 'évangélistes'. Offrir un livre sur Bitcoin à quelqu’un dont on peut admettre qu’il attende autre chose me semble indélicat", considère Jacques Favier.

En tant qu’auteur, "j’offre donc mon livre quand il paraît. En tant que père, oncle, etc. cela ne me viendrait pas à l’esprit pour Noël en l’absence d’une demande au moins implicite de tel ou tel", précise-t-il.

Alors que le bitcoin a 15 ans, ces bitcoiners ont-ils observé un changement de mentalité au sein de leur famille? Bien qu'ils connaissent le bitcoin depuis 2011, "personne n’a changé de mentalité, ils sont toujours restés distants, malgré les hauts et bas et le fait que ça m’ait apporté une liberté sans limite", regrette Slashbin.

Pour d'autres, il y a quelques petites victoires. "Mon père avait dit il y a quelques années que 'le bitcoin était un attrape-nigaud', tout en me demandant comment en acheter et en épargnant assez régulièrement en bitcoins moins d'un an après", se réjouit Renaud. De son côté, Jacques Favier remarque ne pas avoir été "arrêté pour trafic, ils doivent donc penser que ce n’est pas une activité si criminelle que ça". "Evidemment, s’il vient taper le million le jour de Noël, on pourrait en parler un peu", conclut Jacques Favier.

Pauline Armandet