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Avant sa faillite, la plateforme de prêts en cryptomonnaies Celsius fonctionnait comme un Ponzi

Un rapport lève le voile sur le fonctionnement de la société, digne d'une pyramide de Ponzi. Les fonds des clients ont notamment permis à son patron de réaliser des opérations pour son seul enrichissement.

De FTX à Celsius, il n'y a qu'un pas. En juillet dernier, la plateforme de prêts en cryptomonnaies Celsius a fait faillite, faute d'avoir su gérer une crise de liquidités dans le marché baissier.

Depuis 2017, Celsius était l'une des principales plateformes de prêts ou "staking" de cryptomonnaies. Son modèle bien marketé avait de quoi attirer les clients. En déposant leurs cryptomonnaies sur la plateforme, ces derniers pouvaient gagner jusqu'à 18% d'intérêts. Trop beau pour être vrai. Après son effondrement, de plus en plus de voix se sont demandées s'il s'agissait d'une pyramide de Ponzi, ce système frauduleux qui consiste à financer les "intérêts" des premiers investisseurs avec les mises des nouveaux entrants.

Les fonds des clients utilisés

C'est dans ce contexte que l'examinatrice indépendante Shoba Pillay a été missionnée par le tribunal de New-York en charge de la faillite de Celsius, afin de comprendre le modèle de l'ancienne plateforme. Elle vient de publier un rapport de 700 pages qui lève le voile sur son fonctionnement, bien loin des paillettes lui ayant permi de conquérir 1,7 million d'utilisateurs.

"Dans les coulisses, Celsius a mené ses affaires d'une manière radicalement différente de celle dont elle s'était présentée à ses clients, et ce à tous les égards", débute le rapport.

Alors que la plateforme a montré des signes de faiblesses en juin dernier, des "problèmes graves" ont émergé dès 2020, "après que Celsius a commencé à utiliser les actifs des clients pour financer les dépenses opérationnelles et les récompenses", souligne le rapport. Par exemple, pour financer certaines opérations internes, Celsius a utilisé les dépôts de ses clients en garantie, pour contracter des prêts en stablecoin.

En outre, le rapport affirme que le modèle de Celsius a fonctionné comme une pyramide de Ponzi. Cela a par exemple été le cas en juin dernier, juste avant que Celsius ne gèle le retrait de ses clients, le 12 juin dernier.

"Entre le 9 et le 12 juin, Celsius a utilisé directement les dépôts des nouveaux clients pour financer les demandes de retrait des clients", souligne le rapport, comparant cette opération à un système de Ponzi.

Un jeton CEL au rôle trouble

Par ailleurs, Celsius a également gonflé la valeur de son jeton natif, le CEL, en augmentant "substantiellement" ses achats du jeton mais pas avec n'importe quels fonds. Avec "comme toujours", les fonds des utilisateurs ainsi que ceux des investisseurs lors des levées de fonds de Celsius, ont honteusement admis des managers de Celsius. Résultat: entre mars 2020 et juin 2021, le prix du jeton CEL a augmenté de 14.751 % note le rapport.

De même, la société vendait également son jeton selon une stratégie définie en interne citée par le rapport. "Plus nous vendons de CEL, plus nous pouvons racheter de CEL, plus les marchés du CEL semblent attrayants, plus nous recevons d'ordres d'achat de CEL, plus notre trésorerie a de la valeur", pointe le rapport.

Le patron de Celsisus en a aussi profité pour s'enrichir personnellement. Alex Mashinsky a ainsi vendu au moins 25 millions de CEL, réalisant au moins 68,7 millions de dollars sur ces ventes, alors qu'il avait affirmé à maintes reprises devant ses clients qu'il ne vendait pas les jetons de sa société. Sa société détient à ce jour 95 % de tous les jetons CEL en circulation.

Encore des révélations qui ne peuvent que porter un coup dur au marché des cryptomonnaies, qui tente à peine de se remettre de la faillite du géant FTX.

Pauline Armandet