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"Un excès de zèle": au procès du 14-Juillet, François Molins s'exprime sur les prélèvements d'organes des victimes de l'attentat

François Molins le 10 octobre 2022 à Paris

François Molins le 10 octobre 2022 à Paris - Marion Dubreuil POUR RMC

L'ancien procureur de la République de Paris en charge des affaires de terrorisme est entendu ce lundi par la cour d'assises spéciale de Paris.

Le geste a suscité l'incompréhension des familles. Après le drame, les corps de 14 des 86 victimes de l'attentat de Nice du 14-Juillet 2016 ont fait l'objet d'une autopsie, au cours desquelles 173 organes ont été prélevés sans que les proches ne soient informés.

C'est François Molins, alors procureur de la République de Paris, en charge des affaires de terrorisme, qui a ordonné les autopsies pour les corps dont la cause du décès n'était pas "évidente". Il s'en explique ce lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris.

"Excès de zèle"

Le magistrat confirme que des prélèvements d'organe ont été "systématiquement effectués sur tous les corps autopsiés". "En général, lors des autopsies, on s'adresse à l'institut médico-légal (IML) de Nice et on leur signifie qu’ils peuvent procéder à tout prélèvement utile, nécessaire à la compréhension des causes du décès", a-t-il avancé.

Et d'ajouter: "Ces prélèvements ont été décidés par l’IML.  Je ne veux pas les accuser mais je pense qu’il y a eu une forme d’excès de zèle de la part des médecins légistes, ils ont voulu bien faire et ils ont fait quelque chose qui ne se justifiait pas".

Outre la pratique, le nombre de prélèvements d'organe interroge. De nombreuses viscères ont ainsi été prélevées, en grande quantité. Or, s'il s'avère nécessaire, seule une petite partie de l'organe suffit.

"Si le médecin légiste estime utile de prélever des viscères, il doit en informer le parquet. À Nice à ce moment-là,  il n'y a pas de magistrat qui assiste à l’autopsie, ni du parquet de Paris, ni de celui de Nice", raconte François Molins.

Ce dernier assure qu'il n'a été mis au courant des faits que plusieurs jours plus tard, et exprime également son imcompréhension. "C’est très difficile d’expliquer rationnellement quoi que ce soit. Je pense que le prélèvement n’était pas indispensable. Quelques centimètres carrés auraient suffi. On aurait pu mieux faire, mieux informer. Peut-être qu’on est allés trop vite", a-t-il concédé.

Cécile Ollivier, Alice Brousse et Sarah Boumghar