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Procès en appel de l'attentat de Nice: une "matinée de la colère" pour les parties civiles

Les parties civiles ont abordé plusieurs sujets lors de l'audience ce mardi 7 mai, notamment le prélèvement des organes des victimes et le dispositif de sécurité mis en place le soir de l'attentat.

"Ramener ces débats-là au sein du grand débat." Les parties civiles n'ont pas manqué de faire entendre leur colère ce mardi 7 mai à l'audience du procès en appel de l'attentat du 14-Juillet 2016 à Nice.

Elles ont notamment tenté d'évoquer, comme cela a été souligné à de nombreuses reprises en marge du procès en première instance, la question du dispositif de sécurité mis en place sur la Promenade des Anglais le soir de l'attentat, que beaucoup estiment "insuffisant".

"On en est tous là -je ne vais pas dire à 'cauchemarder là-dessus- mais à être dans l'incompréhension de pourquoi ce jour-là, comparé à trois jours avant, il n'y avait pas autant de dispositif de sécurité dans les rues, partout", explique Sophie Desvergne, partie civile, au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

Des parties civiles "de plus en plus en colère"

À plusieurs reprises lors du procès en première instance, les parties civiles avaient demandé un procès sur ce qui avait été décrit comme des "défaillances" du dispositif de sécurité ce soir-là.

Déçues de l'audition de Christian Estrosi, adjoint en charge de la sécurité au moment des faits, les familles étaient restées avec beaucoup de questions qui, aujourd'hui encore, demeurent sans réponses.

Le président de la cour a estimé ce mardi que le procès en appel des deux accusés n'était pas le lieu pour évoquer la question de la sécurité, rappelant qu'une enquête sur le sujet est en cours au tribunal judiciaire de Marseille. Un nouveau rejet du sujet qui a attisé la colère des familles.

"Toutes les parties civiles sont de plus en plus en colère, parce qu'à chaque fois, c'est rejeté", déclare Nadège Renda, partie civile. "Mais ça fait partie du procès. C'est des conséquences, des causes aussi. À un moment donné, il va bien falloir que ce soit mis sur le tapis, et reconnu."

Les prélèvements d'organes à nouveau remis en question

Les parties civiles ont également pointé du doigt le manque de respect et de dignité des corps de certaines victimes, dont des organes avaient été prélevés pour les besoins de l'enquête. Un fait que les familles n'avaient appris que bien plus tard.

"J'ai appris trois ans après son enterrement, par une connaissance, que les organes de mon fils avaient été prélevés", a notamment déclaré la mère de Yanis, petit garçon de quatre ans et demi lors de l'attentat.

Des organes pour lesquels les familles avaient demandé des tests ADN afin qu'ils soient restitués. Mais fin décembre, il avait été annoncé que les tests n'avaient pas pu être réalisés, en raison d'un temps de conservation des organes dans le formol "bien trop long" et qui avait "altéré les tissus" et rendu les analyses impossibles.

"Les tests ADN n’ont pas pu être faits, parce que les organes sont dans un tel état qu’ils ne pouvaient plus reconnaître un foie, d'un rein, d'un coeur", déclare Thierry Vimal, père de l'une des victimes.

Les organes seront donc restitués aux familles sans que ces tests n'aient été réalisés. "On va nous donner des seaux d’organes décomposés, qui sont probablement ceux de notre fille, mais sans certitude absolue, et on va inhumer ça aux côtés du reste de sa dépouille, qui attend depuis sept ans."

Ce père de famille a lui-même pris la parole ce mardi lors de l'audience, alors qu'il n'avait initialement pas prévu de le faire.

"Je suis allé à la barre pour dire que vu la bassesse des attaques entre avocats des deux bords, ou même au sein du même bord, je n’avais pas envie de raconter l’histoire de ma fille dans une telle atmosphère", explique-t-il.

Une journée d'audience "satisfaisante" malgré la colère

Un "coup de colère" partagé par d'autres parties civiles. "C’était un petit peu une matinée de la colère, mais qui, j’ai l’impression, a été efficace et entendue par la cour au bout du compte, et c’était une bonne matinée."

Malgré une demande rejetée par la cour d'évoquer le refus arbitraire d'indemnisation par le Fonds de garantie dénoncé entre autres par l'association Promenade des Anges, cette dernière estime tout de même que cette nouvelle journée de procès a été productive.

"Matinée satisfaisante et même fructueuse au procès en appel de l'attentat de Nice, où l'association et plusieurs parties civiles ont pu s'exprimer, notamment sur la réalité des souffrances endurées par les victimes, même des années après les faits", déclare-t-elle sur son compte X.

Malgré des questions qui resteront certainement sans réponse à l'issue de ce nouveau procès, les parties civiles ont encore des attentes concernant les auditions des accusés. "

"Est-ce que les interrogatoires des accusés, ce qui va en ressortir, va nous donner plus de renseignements sur leur culpabilité, sur leur degré d’implication… Ce qu’on veut avant tout, c’est comprendre", conclut Thierry Vimal.

Claudia Olivier avec Laurène Rocheteau