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Attentat du 14-Juillet à Nice: des organes prélevés sur les victimes n'ont pas pu être analysés

Lors du procès de l'attentat, la cour avait ordonné la restitution aux familles d'organes prélevés sur les victimes de l'attentat. Plusieurs familles avaient alors demandé la réalisation de tests ADN.

Des questions toujours sans réponses. Alors que quatre familles de victimes de l'attentat du 14-Juillet 2016 à Nice devaient recevoir ce mardi 12 décembre les résultats d'analyses concernant les organes prélevés lors des autopsies, ces tests n'ont pas pu être réalisés, rapporte Nice-Matin.

En cause, un temps de conservation des organes dans le formol "bien trop long", qui a "altéré les tissus" et rendu ces analyses impossibles, explique à nos confrères l'avocate des familles de victimes, Me Virginie Le Roy.

Des demandes de tests ADN

Les quatre familles avaient demandé ces analyses alors même que l'ancien procureur de la République, François Molins, avait reconnu l'an dernier lors du procès de l'attentat un "excès de zèle" lors des autopsies, où 173 organes avaient été prélevés sur 14 victimes, sans que leurs familles ne soient informées.

Lors du procès en novembre 2022, la cour avait ordonné la levée des scellés et la restitution des organes aux familles. Si certaines avaient choisi de récupérer les organes pour les inhumer, d'autres avaient demandé des tests ADN pour s'assurer que les organes étaient bien ceux de leurs proches.

Maître Virginie Le Roy explique à Nice-Matin que les "profils ADN attachés aux scellés sont concordants", mais qu'il ne pouvait toutefois pas y avoir de certitude sans le résultat des tests, qui n'ont pas pu être pratiqués.

Les familles des victimes concernées vont désormais devoir choisir entre récupérer les organes pour les inhumer, ou demander leur destruction.

La question du prélèvement des organes des victimes de l'attentat avait été un point majeur du procès l'année dernière. De nombreuses familles avaient dénoncé le manque d'information sur la procédure de prélèvement, un procédé que l'ancien procureur de la République avait reconnu injustifié.

"Si c'était à refaire, il n'y aurait eu aucun" prélèvement d'organes, avait-il conclu lors d'une prise de parole de 2h30.

Un processus "très long" pour les familles

Le prélèvement de ces organes avait initialement été justifié comme un besoin pour l'avancement de l'enquête. Un argument réfuté par les familles des victimes.

"50% des organes prélevés n'ont même pas été lésés par l'attentat", expliquait en octobre dernier sur BFM Nice Côte d'Azur Thierry Vimal, père d'une victime, qui avait notamment demandé l'un de ces tests ADN. Il assure par ailleurs que les organes prélevés n'ont "en aucune manière" été utiles à l'enquête.

Et alors que la cour avait ordonné la restitution des organes aux familles il y a désormais plus d'un an, les proches des victimes soulignaient toujours à l'automne la lenteur du processus.

"C'est long. Ça fait un an, et on n'a toujours pas" de nouvelles, déplorait Thierry Vimal en octobre. "C'est très, très long, et on tombe de haut."

L'avocate des familles de victimes estimait déjà en novembre 2022 que l'ordre de la cour de restituer les organes ne réparait pas pour autant le préjudice moral des familles.

"Ce qui a été fait là, c'est ce qui aurait dû être fait il y a six ans", avait déclaré Virgine Le Roy auprès de BFM Nice Côte d'Azur, rappelant qu'il n'y avait "pas eu d'excuses officielles pour ces familles" et qu'il n'avait "même pas été question" de la réparation du préjudice moral lors du procès.

Laurène Rocheteau