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Nice: les associations mobilisées pour venir en aide aux mineurs non accompagnés de la caserne Auvare

Ces dizaines de jeunes exilés doivent se rendre au commissariat pour s'inscrire sur un registre, étape préalable à une prise en charge par l'aide sociale à l'enfance. Le système étant actuellement "bloqué", ils sont contraints d'errer dans un jardin.

En ce mercredi matin, on s'active en cuisine dans les locaux du Secours catholique de Nice. Un bénévole coupe les tomates, l'autre les insère dans un morceau de baguette avec de la salade et du thon, et le dernier fait couler un filet de mayonnaise: chacun connaît sa tâche.

Voilà quelques jours que cet atelier sandwich se répète. Les 40 casse-croûtes sont destinés à des dizaines de jeunes migrants. Ces derniers, dont la minorité n'est pas officiellement reconnue, errent dans l'espace vert qui jouxte la caserne Auvare.

Christian, bénévole au Secours catholique et à La Cimade, a croisé leur chemin il y a peu. "C'est le pur hasard d'être passé par le jardin", avoue-t-il au micro de BFM Nice Côte d'Azur. À leur rencontre, une pensée lui est venue: "Qu'est-ce que vous faites là? Vous êtes mineurs".

"On n'a rien ici"

La majorité des jeunes exilés a quitté la Guinée. C'est le cas de Camara. Il s'est présenté au commissariat dans l'espoir de pouvoir s'inscrire sur un registre avant une prise en charge par l'aide sociale à l'enfance. On l'a informé que c'était impossible:

"On est partis. Les policiers ont dit qu'il n'y a plus de place ici", déplore-t-il. "On n'a rien ici", s'indignent deux autres jeunes hommes. "On ne connaît personne ici".

Michel Séonnet, bénévole à l'association "Tous citoyens", s'inquiète du traitement qui leur est réservé. "En ce moment, le système est totalement bloqué, résume-t-il. Il y a neuf jeunes qui sont à l'intérieur du commissariat. Et les autres, le commissariat ne veut plus les accueillir."

Le département pointé du doigt

À l'heure actuelle, il n'y a guère que les associatifs pour leur apporter une aide alimentaire et du soutien matériel. Ce mercredi, Christian leur a fourni des K-Way en prévision de temps plus maussades.

"Comme ça ils savent qu'il y a des gens qui s'occupent d'eux et qu'ils ne sont pas abandonnés", songe ce dernier, l'air grave.

Selon la mairie de Nice, les bénévoles pallient "les carence du département" des Alpes-Maritimes, à qui la gestion des mineurs isolés revient légalement.

Une lettre adressée à Emmanuel Macron

Dans un communiqué au vitriol publié mercredi, la municipalité fulmine contre Charles-Ange Ginésy, président Les Républicains (LR) du conseil départemental. "L'inaction de son exécutif conduit à une situation à la fois humaine, sanitaire et sécuritaire extrêmement grave", peut-on lire.

Charle-Ange Ginésy, lui, se dit débordé par la situation. À tel point que l'élu a adressé un courrier à Emmanuel Macron le 23 août. Il fait état, dans cette missive, d'une "situation migratoire explosive à la frontière franco-italienne", engendrant des "répercussions dramatiques quant à la gestion des mineurs non accompagnés".

Confronté à "une hausse de 40%" de nombre d'arrivées au premier trimestre", le département serait aujourd'hui une "victime collatérale de flux migratoires d'envergure internationale".

Les statistiques tendent effectivement à montrer que la demande d'hébergement grimpe cette année dans les Alpes-Maritimes. Au 18 août, 4333 mineurs avaient déjà été pris en charge, contre 4908 sur la totalité de l'année 2022.

Marlène Iapichino et Kelly Vargin avec Florian Bouhot