"Mon objectif, c'est d'étudier": Ibrahima, mineur isolé du square Sainte-Marie-Perrin, raconte son parcours

Venu de Guinée, Ibrahima a traversé la Méditerranée avec son frère après que son père soit tombé malade. Aujourd'hui seul après la mort de son frère, il souhaite retourner sur les bancs de l'école.

De l'Afrique de l'Ouest à Lyon, Ibrahima a traversé la Méditerranée pour trouver une vie meilleure et surtout reprendre sa scolarité. L'adolescent visualisait la France comme le pays des opportunités.

Aujourd'hui, il vit sous une tente au cœur du square Sainte-Marie-Perrin dans le 3e arrondissement de Lyon et dénonce depuis des mois ses conditions de vie. Il veut quitter la rue. Au micro de BFM Lyon, Ibrahima raconte son parcours

"On a passé trois jours dans l'eau"

Enfant de Guinée, Ibrahima a 14 ans quand son père tombe malade et est contraint d'arrêter de travailler. Le jeune homme doit alors quitter l'école, payante dans le pays.

Il décide alors de traverser la Méditerranée pour trouver une vie meilleure en France. "À la télévision, je voyais que la France était un pays bon", raconte-t-il au micro de BFM Lyon. Avec son frère, Ibrahima parcourt le Mali et l'Algérie avant d'arriver en Tunisie. Au bout de quatre tentatives, les deux mineurs parviennent enfin à rejoindre l'Hexagone.

"On a passé trois jours dans l'eau et puis on a fait naufrage. Le bateau n'a pas cassé, c'est l'eau qui est rentrée à l'intérieur."

Le frère d'Ibrahima n'a pas survécu. "Moi-même, je ne connaissais pas les dangers de la mer Méditerranée. Ce sont les Italiens qui nous ont sauvés." Le périple lui aura pris deux ans.

"Je ne m'attendais pas à ça"

Arrivé en France, Ibrahima est loin de l'El Dorado qu'il s'imaginait. "Je ne m'attendais pas à ce que j'ai trouvé ici." Il s'installe à Lyon, avec d'autres jeunes isolés dans le square Sainte-Marie-Perrin qui regroupe aujourd'hui des dizaines de personnes.

"La France qui se proclame tout le temps un pays de droit, de fraternité... Ce n'est pas bon par rapport à leur image."

Malgré les conditions, il n'abandonne pas son rêve. Avec assiduité, il suit des cours de soutien scolaire au Secours populaire. Il y a quelques semaines, il a réussi un examen qui va lui permettre de retrouver les bancs de l'école à la rentrée de septembre.

"Je suis pressé d'aller dans une école normale. Moi, mon objectif, c'est d'étudier et d'apprendre quelque chose. On vient apprendre à devenir quelqu'un de demain. De ne pas être un mendiant, un voleur."

Cette scolarisation signe une première victoire pour Ibrahima après des années de lutte. Il continue de se battre pour que lui, et tous les mineurs isolés du camp soient pris en charge par la métropole.

Yeliz Kirazli avec Juliette Moreau Alvarez