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Menton: le maire invite les ministres de l'Intérieur et de la Justice "à venir aux postes frontières"

Le nouveau maire de Menton Yves Juhel.

Le nouveau maire de Menton Yves Juhel. - BFM Nice Côte d'Azur

L'édile souhaite que les membres du gouvernement se rendent compte de "la pression migratoire" sur place afin de mettre en place de réelles solutions.

Pour le maire de Menton, il est grand temps que l'État "se rende compte" de la situation à la frontière. Yves Juhel a adressé ce mercredi deux lettres à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, et Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, afin de les alerter sur "la pression migratoire".

À deux pas de l'Italie, Menton "vit une situation intenable", écrit l'édile. "La situation a hélas vocation à se dégrader et nous ne sommes pas en mesure, nous les collectivités locales, d'apporter une solution durable", estime Yves Juhel dans son courrier.

"Afin de vous faire une idée précise de la situation et de vous rendre compte des conditions dans lesquelles les services de police et de la justice exercent leur difficile métier, [...] je vous invite à venir aux postes frontières de Menton dès que votre agenda le permet."

Pour l'élu, l'État doit "exercer pleinement ses responsabilités" sans s'appuyer constamment sur les communes, qui n'ont pas autorité pour la prise en charge des mineurs isolés, contrairement au département.

Pas de solution pérenne?

À la mi-avril, le préfet des Alpes-Maritimes a réquisitionné un gymnase du centre-ville de Menton afin d'accueillir une cinquantaine de jeunes mineurs isolés. Ce jeudi, au lendemain des lettres du maire, ils ont été déplacés à la Trinité, mais de façon provisoire.

"La mise à l'abri dans les équipements municipaux des jeunes mineurs doit rester l'exception et non la solution", écrivait la veille Yves Juhel, qui fait de ce cas un parfait exemple pour demander aux ministres une plus grande implication de l'État.

Le jour de la rédaction de ces lettres, la Première ministre a annoncé depuis l'Élysée, la mobilisation de "150 policiers et gendarmes supplémentaires" dans les Alpes-Maritimes pour faire face à la "pression migratoire accrue à la frontière italienne".

Une annonce globalement bien accueillie par les acteurs locaux, mais qui reste floue. Les syndicats de police restent réticents concernant la pérennité de ces renforts, attendus dès la semaine prochaine. Élisabeth Borne n'a également pas précisé si ce déploiement des forces de l'ordre répondra à la question épineuse des mineurs isolés dans la région.

Bien que la Première ministre a certifié que "la lutte contre l’immigration illégale est une priorité du gouvernement", la loi immigration, quant à elle, a de nouveau été reculée après l'automne.

Juliette Moreau Alvarez